Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 19, 1838.djvu/281

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à sa porte. Quentin n’ayant pas répondu aussitôt à ce signal, la porte, qui était fort mince, fut enfoncée en un instant, et le Bohémien Hayraddin, que son dialecte faisait aisément reconnaître, se présenta devant lui. Il trempa une allumette dans une petite fiole qu’il tenait à la main, et il en sortit une flamme brillante et passagère, au moyen de laquelle il alluma une lampe qu’il tira de son sein.

— « L’horoscope de votre destinée, » dit-il énergiquement à Durward sans le saluer autrement que par ces paroles, « dépend de la détermination que vous prendrez d’ici à une minute. — Misérable ! reprit Quentin, la trahison nous environne ; et partout où elle se présente tu dois y avoir part. — Vous êtes fou ! Je n’ai jamais trahi personne que lorsque j’avais quelque intérêt à le faire. Pourquoi vous trahirais-je, puisque je dois gagner davantage en vous sauvant qu’en vous perdant ? Écoutez un moment, si cela vous est possible, la voix de la raison, avant que celle de la mort et du carnage retentisse à votre oreille. Les Liégeois se soulèvent, Guillaume de la Marck est à leur tête avec sa bande ; l’évêque eût-il des moyens de résistance, leur nombre et leur fureur les surmonteraient ; mais il n’en a pas. Si vous voulez sauver la comtesse et ne pas perdre vos espérances, suivez-moi, au nom de celle qui vous a envoyé une bague de diamant sur laquelle sont gravés trois léopards ! — Conduis-moi ! s’écria Quentin avec ardeur ; à ce nom, je suis prêt à braver tous les dangers. — De la manière que je m’y prendrai, répondit le Bohémien, il n’y en a aucun à craindre, si vous pouvez vous empêcher de prendre part à une querelle qui ne vous regarde pas ; car, après tout, que vous importe que l’évêque, comme on l’appelle, égorge son troupeau, ou que le troupeau égorge le pasteur ? Ha ! ha ! ha ! Suivez-moi, mais avec précaution et patience. Réprimez votre courage, et fiez-vous à ma prudence : alors la dette de ma reconnaissance est payée, et vous avez une comtesse pour épouse. Suivez-moi. — Je te suis, » dit Quentin en tirant son épée ; « mais si j’aperçois en toi le moindre signe de trahison, ta tête et ton corps seront bientôt à trois pas l’un de l’autre. »

Sans répondre à cette menace, le Bohémien, voyant que Durward était armé et prêt à partir, descendit l’escalier en toute hâte, et parcourut rapidement divers passages qui le conduisirent dans un petit jardin. À peine voyait-on une lumière de ce côté du palais, à peine entendait-on quelque bruit ; mais dès qu’ils