Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 19, 1838.djvu/307

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La plupart des Liégeois de la classe la plus distinguée semblaient être de l’avis du syndic, et ils n’avaient pas ressenti autant de joie lorsqu’ils s’étaient emparés du château, qu’ils en éprouvèrent lorsqu’ils eurent l’espoir d’en sortir sains et saufs. Ils quittèrent Schonwaldt sans aucun obstacle, et Quentin fut au comble du bonheur lorsqu’il se vit hors de ces murs formidables.

Pour la première fois depuis qu’ils étaient entrés dans cette terrible salle, Quentin se hasarda de demander à la jeune comtesse comment elle se trouvait.

— « Bien, bien, s’empressa-t-elle de répondre, parfaitement bien… Ne vous arrêtez pas pour m’adresser d’inutiles questions… Ne perdons pas un instant ; fuyons ! fuyons ! »

En prononçant ces paroles, elle s’efforçait de hâter sa marche, mais si infructueusement qu’elle serait tombée de faiblesse si Durward ne l’eût soutenue. Telle qu’une tendre mère qui sauve son enfant du danger, le jeune Écossais prit dans ses bras ce précieux fardeau ; et lorsqu’elle lui passa les siens autour du cou, sans autre pensée que de hâter leur fuite, Quentin n’aurait pas voulu avoir été exposé cette nuit-là à un seul danger de moins, puisque tel en était le résultat.

L’honnête bourgmestre, de son côté, était soutenu et pour ainsi dire traîné par son fidèle conseiller Peter et un autre de ses commis ; ce fut ainsi que, tout hors d’haleine, ils atteignirent le bord de la rivière, où ils rencontrèrent plusieurs groupes d’habitants de Liège, avides d’apprendre comment les choses s’étaient passées à Schonwaldt, et si en effet, comme le bruit en circulait déjà, les vainqueurs s’étaient querellés entre eux. Ils éludèrent du mieux qu’ils purent la curiosité de ces honnêtes citoyens, et, grâce aux soins de Peter et de quelques-uns de ses camarades, ils se procurèrent un bateau. Ce moyen leur permit de jouir d’un peu de repos, dont avaient si grand besoin et la comtesse Isabelle, presque inanimée dans les bras de son libérateur, et le digne bourgmestre, qui, après avoir adressé quelques remercîments sans suite à Durward, dont l’esprit était trop occupé en ce moment pour qu’il pût lui répondre, commença une longue harangue adressée à Peter, sur le courage que lui, Pavillon, avait déployé, sur la bienfaisance dont il avait fait preuve, et sur les dangers auxquels ses vertus l’avaient exposé tant dans cette occasion que dans beaucoup d’autres.

— « Peter ! Peter ! » dit-il en reprenant la litanie de la soirée pré-