Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 19, 1838.djvu/325

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


CHAPITRE XXIV.

LA PRISONNIÈRE.


Qu’on me secoure ou non, sire chevalier, je suis votre captive ; Traitez-moi selon la noblesse de votre caractère. Pensez que les hasards de la guerre peuvent vous placer un jour au nombre des malheureux dont je suis condamnée à faire partie.
Anonyme.


L’escarmouche entre les schwarz-reiters et les hommes d’armes bourguignons dura à peine cinq minutes, tant ces mercenaires furent promptement mis en déroute par la troupe de Crèvecœur, qui avait sur eux la supériorité des armes, des chevaux, et surtout de la valeur. En moins de temps qu’il ne nous en a fallu pour le dire, le comte, essuyant son épée ensanglantée sur la crinière de son coursier avant de la remettre dans le fourreau, se retrouvait à l’entrée du bois, où Isabelle attendait l’issue du combat dont elle était restée spectatrice. Il était accompagné d’une partie de ses gens, tandis que le reste poursuivait l’ennemi en déroute.

« C’est une honte, dit-il, c’est une tache indélébile pour les armes de chevaliers et de gentilshommes d’être souillées du sang de ces vils pourceaux. »

En parlant ainsi il remit son épée dans le fourreau, puis il ajouta : « Voici, ma belle cousine, un accueil un peu brusque pour votre retour dans votre pays ; mais les princesses errantes doivent s’attendre aux aventures de cette espèce. Ma foi, je suis arrivé à temps, car je puis vous assurer que ces schwarz-reiters n’ont pas plus de respect pour la couronne d’une comtesse que pour la coiffe d’une paysanne ; et il me semble que votre suite n’était pas très-capable de faire une longue résistance. — Comte, répondit Isabelle, je vous demande, avant tout, si je suis prisonnière, et dans ce cas, où vous avez dessein de me conduire. — Vous savez bien, méchante enfant, répondit le comte, comment je voudrais résoudre cette question ; mais vous et votre folle de tante, avec ses projets de mariage, vous avez fait depuis peu un si mauvais usage de vos ailes, que je crains que vous ne soyez condamnées pendant quelque temps à ne les déployer que dans une cage. Quant à moi, mon devoir, et c’en est un bien pénible, sera accompli quand je