Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 19, 1838.djvu/395

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ment de son arrivée. Un coup d’œil lui suffit pour voir tout cela ; et appelant à son secours toute sa subtilité et toute sa finesse, pour échapper au danger qui le menaçait, il résolut, s’il ne pouvait y réussir, de défendre courageusement sa vie, jusqu’au dernier soupir, contre quiconque oserait l’attaquer.

Ayant ainsi pris sa résolution, et marchant d’un pas ferme et avec un regard assuré, Martius se présenta devant Louis, sans montrer aucun embarras du mauvais succès de ses prédictions, ni aucune frayeur de la colère du monarque, colère qu’il devait nécessairement avoir prévue.

« Puissent toutes les planètes être favorables à Votre Majesté ! » dit-il en faisant au roi une salutation dans le genre oriental ; « et puisse chaque constellation détourner de mon royal maître toute influence funeste ! — Il me semble, répliqua le roi, qu’en jetant les regards autour de cet appartement, en voyant où il est situé, et comment il est gardé, votre sagesse peut reconnaître que mes planètes favorables m’ont manqué de foi, et que je suis sous l’influence de leurs conjonctions les plus funestes. N’es-tu pas honteux, Martius, de me voir ici, et de m’y voir prisonnier, en te rappelant les assurances qui m’ont déterminé à m’y rendre ? — Et n’es-tu pas honteux toi-même, royal prince, répondit le philosophe, toi dont les progrès dans la science ont été si rapides ; toi, dont l’intelligence est si prompte ; toi, dont la persévérance est si infatigable : n’es-tu pas honteux, dis-je, de reculer dès le premier revers de fortune, comme un poltron au premier bruit des armes ? Ne t’es-tu pas proposé de t’initier à ces mystères qui élèvent l’homme au-dessus des passions, des malheurs, de toutes les peines, de tous les chagrins de la vie, privilège qu’on ne peut obtenir que par une fermeté semblable à celle des anciens stoïciens ? Le premier coup de l’adversité te fera-t-il fléchir, et perdre le prix glorieux auquel tu oses prétendre ? t’arrêteras-tu dans ta carrière, comme un coursier qu’effarouchent des ombres et des dangers imaginaires ? — Des ombres ! des dangers imaginaires ! impudent que tu es ! s’écria le roi. Cette tour est-elle donc imaginaire ? Les armes des gardes de mon ennemi de Bourgogne, de mon ennemi détesté ; ces armes, dont tu as pu entendre le cliquetis à la porte, sont-elles aussi des ombres ? Traître ! quels sont donc les maux réels, si tu ne regardes pas comme tels l’emprisonnement, la perte d’une couronne et le danger de la vie ? Parle ! — L’ignorance ! mon frère, » répondit le philosophe avec fermeté ; « l’ignorance et les