Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 19, 1838.djvu/474

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militaires, mais il était indifférent au danger, sa profonde sagacité lui fournissant aisément les moyens de lui faire face : il sut toujours choisir et employer les hommes les plus habiles dans cet art, et il mettait en eux, à cet égard, une confiance dont ils se montrèrent toujours dignes. Louis et les principaux personnages de sa suite occupèrent cette maison de plaisance ; une partie des archers de sa garde écossaise s’établirent dans la cour, où quelques bâtiments pouvaient leur servir d’abri contre le mauvais temps, et le reste bivouaqua dans le jardin. Quant aux autres troupes françaises, elles s’établirent dans les environs, en bon ordre, et l’on plaça des postes avancés pour donner l’alarme en cas d’attaque. Dunois et Crawford, aidés de quelques vieux officiers et soldats, au nombre desquels le Balafré se faisait remarquer par son activité, réussirent, en abattant des murailles, en perçant des haies, en comblant des fossés, à rendre les communications faciles entre ces différents corps et à leur assurer les moyens d’agir de concert en cas de nécessité.

Cependant le roi jugea à propos de se rendre sans cérémonie au quartier général du duc de Bourgogne, pour prendre connaissance du plan d’opérations, et s’informer en quoi et comment ce prince désirait qu’il y prît part. Sa présence nécessita la convocation d’un conseil de guerre auquel, sans cela, Charles n’eût point songé. Instruit de cette circonstance, Quentin Durward sollicita l’honneur d’être admis dans l’assemblée, comme ayant une communication importante à faire aux deux princes. Cette permission ne lui fut pas accordée sans beaucoup de difficulté ; et Louis éprouva la plus grande surprise en l’entendant détailler avec calme et précision le projet conçu par Guillaume de la Marck de faire une sortie nocturne, à la tête de troupes qui devaient porter l’uniforme français et marcher sous les bannières de cette nation. Louis aurait sans doute préféré que des nouvelles si importantes lui eussent été communiquées en particulier ; mais comme elles venaient d’être annoncées en public, il pensa que vraies ou fausses, elles méritaient que l’on y fît quelque attention.

« Aucunement, aucunement, » dit le duc avec un air d’insouciance ; « si un tel projet eût existé, ce ne serait pas un archer de la garde écossaise qui viendrait me le révéler. — Quoi qu’il en soit, beau cousin, répondit Louis, je vous prie de faire bien attention, vous et vos capitaines, que, pour prévenir les conséquences funestes qui pourraient résulter d’une telle attaque, si elle avait