Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 19, 1838.djvu/481

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variés, suivant qu’il arrivait aux Liégeois de nouveaux renforts de la ville ou aux Bourguignons des corps de réserve… On se battit ainsi pendant trois mortelles heures, avec un acharnement toujours égal, jusqu’à ce qu’enfin les premiers rayons de l’aurore, tant désirés par les assiégeants, brillèrent à l’horizon. Alors les efforts de l’ennemi parurent se ralentir sur la droite et au centre, et l’on entendit plusieurs décharges d’artillerie qui parlaient de la lust-haus. — Bénie soit la sainte Vierge ! » s’écria le roi dès que cette détonation eut frappé ses oreilles ; « les sakers et les fauconneaux sont arrivés ; la lust-haus n’a plus rien à craindre. Puis, se tournant vers Quentin et le Balafré : « Allez, ajouta-t-il, allez dire à Dunois de se porter sur la droite, entre la lust-haus et la ville, mais aussi près que possible de celle-ci, avec tous nos hommes d’armes, en laissant toutefois pour défendre la maison les forces nécessaires, afin d’empêcher qu’il n’arrive plus aucun renfort à ces obstinés Liégeois. »

L’oncle et le neveu partirent au galop, et se rendirent auprès de Dunois et de Crawford, qui, impatients de prendre enfin l’offensive, obéirent avec joie. Sortant donc de la maison à la tête de deux cents gentilshommes français accompagnés de leurs écuyers et choisis parmi les plus intrépides, auxquels se joignirent une partie des archers de la garde écossaise, ils traversèrent le champ de bataille, foulant aux pieds les morts et les blessés, jusqu’à ce qu’enfin ils atteignirent le flanc du corps principal des Liégeois qui avait attaqué la droite des Bourguignons avec une furie extrême. La lumière du jour, qui devenait de plus en plus sensible, leur fit voir que l’ennemi faisait sortir de nouveaux renforts de la ville, soit pour continuer le combat de ce côté, soit pour soutenir les troupes qui étaient déjà engagées.

— « De par le ciel ! » dit le vieux Crawford à Dunois, si je n’étais certain que c’est toi qui es à cheval à mon côté, je dirais que je te vois au milieu de ces bourgeois et de ces bandits, les mettant en ordre et tenant son bâton de commandement à la main ; seulement si c’était toi, tu serais plus gros que de coutume. Es-tu bien sûr que ce chef armé ne soit pas ton wraith, ton homme double, comme disent ces Flamands ? — Mon wraith ! répondit Dunois ; je ne sais ce que vous voulez dire ; mais ce qu’il y a de sûr, c’est que je vois un pendard qui porte mes armoiries sur son bouclier, et je vais le punir de cette insolence. — Au nom de tous les saints ! monseigneur, s’écria Quentin, abandonnez-moi le soin d’en tirer ven-