Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 21, 1838.djvu/146

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autant pour mériter votre bonne opinion, que je prise beaucoup, que pour expliquer plus clairement des choses que je vous ai seulement laissé entrevoir, vous communiquer des détails qu’autrement j’aurais mieux aimé ne jamais dire à personne. — Votre bon sens doit vous apprendre ce qu’il est nécessaire et convenable de dévoiler dans ce cas ; mais rappelez-vous que je ne sollicite pas votre confiance de s’ouvrir à moi sur des choses qui devraient demeurer secrètes, encore moins sur des détails qui intéresseraient cette jeune personne. »

Rudolphe répondit après une minute de réflexion : « Vous en avez déjà trop vu et trop entendu, Arthur, pour ne pas savoir le reste, ou du moins tout ce que je sais moi-même, tout ce que je suppose sur ce mystérieux sujet. Il est impossible que les circonstances en question ne se présentent pas dans la suite parfois à votre souvenir, et je voudrais que vous possédassiez tous les détails nécessaires pour les comprendre aussi clairement que le permet la nature des faits. Nous avons encore, en prenant à gauche, le long du marais, un circuit d’environ un mille à faire avant d’avoir terminé notre ronde autour du château. J’aurai donc bien le temps de vous conter mon histoire. — Parlez… j’écoute ! » répondit l’Anglais partagé entre son désir de connaître tout ce qu’il était possible de savoir relativement à Anne de Geierstein, sa répugnance à entendre prononcer son nom avec des prétentions comme celles de Donnerhugel, et ses premières préventions qui commençaient à renaître contre le Suisse gigantesque dont les manières toujours brusques et souvent presque grossières, semblaient alors offrir un air de supériorité et de présomption. Il écouta néanmoins cette singulière histoire, et l’intérêt qu’il y prit domina bientôt toute autre sensation.