Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 21, 1838.djvu/215

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concentrés. Sur les remparts de la ville s’alignèrent des hommes ; d’autres se présentèrent aux portes de chacune des maisons de la rue, prêts à faire une sortie, et aux fenêtres, prêts à tirer aussi bien avec des mousquets qu’avec des arcs et des arbalètes. Les soldats qui défendaient la barricade se levèrent aussi, et parurent disposés à disputer le passage de front. La petite troupe, assaillie et serrée de toutes parts, mais ni épouvantée, ni découragée prit tout simplement les armes. La ligne du centre avec le landamman en tête se disposait à se frayer un passage par dessus la barricade. Les deux fronts se rapprochèrent dos à dos, déterminés à ne pas laisser envahir la rue par ceux qui pouvaient sortir des maisons. Il était évident qu’il faudrait une grande effusion de sang et des prodiges de valeur pour réduire cette poignée d’hommes résolus. Telle fut sans doute la raison qui engageait sir Archibald à différer l’attaque, quand soudain partit de derrière le cri de : « Trahison ! trahison ! »

Un soldat couvert de vase s’élança vers le gouverneur, et dit d’une voix qu’interrompait son besoin de respiration, que, tandis qu’il s’efforçait d’arrêter un prisonnier qui venait de s’évader, il avait été saisi par les bourgeois de la ville, et presque noyé dans les fossés. Il ajouta que les habitants étaient encore occupés à introduire les ennemis dans la place.

« Kilian, dit le chevalier, prends quarante hommes… rends-toi en toute hâte à la porte du Nord ; poignarde, pourfends ou précipite du haut des remparts tous ceux que tu rencontreras en armes, bourgeois ou étrangers. Laisse-moi le soin de terminer avec ces paysans par douceur ou par violence. »

Mais avant que l’écuyer pût obéir aux ordres de son maître, un autre cri s’éleva par derrière ; on criait : « Bâle ! Bâle !… liberté ! liberté !… la victoire est à nous ! »

Arrivèrent alors les jeunes gens de Bâle qui ne s’étaient pas tellement éloignés, que Rudolphe ne pût encore les rappeler… Arrivèrent aussi plusieurs Suisses qui étaient restés en arrière de l’escorte principale, se tenant toujours prêts à donner un coup de main ; arrivèrent enfin, l’arme au bras, les bourgeois de La Ferette qui, forcés par la tyrannie d’Hagenbach à prendre les armes et à monter la garde, avaient profité de l’occasion pour introduire les Bâlois par la poterne, grâce à laquelle le jeune Philipson s’était récemment évadé.

La garnison, déjà un peu découragée par l’attitude fière des Suisses qui avaient fait face à des forces plus nombreuses, fut com-