Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 21, 1838.djvu/228

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Sigismond allait répliquer ; mais Philipson, craignant qu’il ne laissât échapper quelque sottise propre à diminuer la satisfaction que sa conduite récente avait causée à son père, ajouta aussitôt : « Va, mon bon jeune homme, va porter à mon fils Arthur cette précieuse cassette. »

Enchanté de recevoir publiquement des éloges auxquels il était si peu habitué, Sigismond prit congé des membres du conseil, qui se reformèrent aussitôt en comité secret.

Il y eut un moment de silence ; car le landamman ne pouvait maîtriser le vif sentiment de plaisir que lui causait la sagacité dont le pauvre Sigismond, qui par sa conduite ordinaire n’en promettait pas à beaucoup près autant, venait de donner une preuve éclatante. Ce n’était pourtant pas une joie à laquelle les circonstances lui permissent de s’abandonner, et il la renferma en lui-même, se réjouissant au fond de l’âme, et se trouvant allégé de l’inquiétude qu’il avait jusqu’alors conçue relativement à l’intelligence bornée de ce pauvre garçon. Quand il parla à Philipson, ce fut avec la candeur et la noblesse habituelles de son caractère.

« Seigneur Philipson, dit-il, nous ne vous regardions comme engagé par aucune des offres que vous avez faites, tant que ces riches bijoux n’étaient pas en votre possession, parce qu’un homme peut souvent croire que, s’il était dans telle ou telle situation, il pourrait parvenir à certain but qu’il se trouve ensuite dans l’impossibilité d’atteindre lorsqu’il est dans cette situation ; mais je vous demande si, maintenant que vous avez, d’une manière si heureuse et si imprévue, recouvré l’objet dont la possession devait, dites-vous, porter le duc à vous accorder sa confiance, vous pensez pouvoir servir de médiateur entre lui et nous, ainsi que vous nous le proposiez. »

Tous se penchèrent pour entendre la réponse du marchand.

« Landamman, répondit-il, quand j’ai promis une chose dans l’embarras, j’ai toujours été prêt à exécuter ma promesse lorsque l’embarras n’a plus existé. Vous dites et je crois que vous n’êtes pour rien dans l’assaut donné à La Ferette. Vous dites aussi qu’on a ôté la vie à d’Hagenbach d’après le jugement d’un tribunal dont vous ne pouviez influencer la sentence… Dressez un protocole qui expose ces circonstances, et, autant que possible, avec les preuves ; remettez-le-moi… sous votre sceau, si vous voulez… et j’engagerai ma parole de… de… d’honnête homme et de sincère Anglais, que le duc de Bourgogne ne vous détiendra pas, ne vous causera