Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 21, 1838.djvu/332

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recherches de Richard… Les Gallois s’assembleront au mot magique de Tudor… la Rose-Rouge relève encore une fois la tête… et alors : « Dieu protège le roi Henri ! » — Hélas !… mais il n’est pas mon époux… pas mon ami… seulement fils de ma belle-mère et d’un capitaine gallois… froid, dit-on, et rusé… mais soit enfin… que je voie seulement Lancastre triompher et obtenir vengeance d’York, et je mourrai contente ! — Votre bon plaisir est-il donc toujours que je fasse les offres que me marquaient les derniers ordres de Votre Majesté, pour décider Bourgogne à épouser votre cause ? S’il entend parler d’une proposition de trêve entre la France et l’Angleterre, ce sera pour lui un stimulant plus vif que tout ce que je pourrai dire. — Promettez tout néanmoins… Je connais le fond de son âme… il ne songe qu’à étendre de tous les côtés les domaines de sa maison. Aussi s’est-il emparé de la Gueldre… aussi inonde-t-il, occupe-t-il maintenant la Lorraine… aussi convoite-t-il les pauvres restes de Provence que mon père appelle encore sa propriété. Après ces augmentations de territoire, il se propose de changer son diadème ducal contre une couronne de souverain indépendant. Dites au duc que Marguerite peut seconder ses vues… dites-lui que mon père René lèvera l’opposition par lui faite à l’occupation de la Lorraine par les soldats de Bourgogne… il fera plus… il déclarera Charles son héritier pour la Provence de mon plein consentement… Ajoutez que le vieillard lui cédera tous ses domaines à l’instant où ses lanciers du Hainaut s’embarqueront pour l’Angleterre, en se réservant une petite pension pour entretenir un concert de musiciens et une troupe de danseurs moresques : tels sont les seuls besoins de René en ce monde. Les miens sont moins nombreux… vengeance sur York et la mort ensuite !… Pour le peu d’or qui peut nous être nécessaire, vous avez des joyaux à donner en gage… quant aux autres conditions, toutes les sûretés qu’on demandera. — En fait de sûretés, madame, je donnerai ma parole de chevalier, en addition à votre parole royale ; et si l’on exige plus, mon fils restera en otage près du duc de Bourgogne. — Oh ! non… non ! » s’écria la reine détrônée, cédant au seul sentiment peut-être, à la seule tendresse que des infortunes réitérées et extraordinaires n’avaient pas tarie en elle ; « ne hasardez pas la vie de ce jeune homme… lui qui est le dernier de la loyale et fidèle maison de Vere… lui qui aurait dû être le compagnon d’armes de mon bien-aimé Édouard… lui qui a été si près de le suivre dans une tombe sanglante et prématurée !