Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 21, 1838.djvu/431

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vous de la vérité de ces nouvelles, très inattendues, et apportez-moi des détails : Mordaunt vous laissera entrer chez moi. »

Elle jeta alors un coup d’œil sur le jeune Suisse, et répliqua poliment à son gauche salut. Les royales personnes quittèrent la chambre ; René ne songeant qu’à conduire son petit-fils à la partie de chasse qui avait été interrompue, et Marguerite à chercher la solitude de ses appartements particuliers pour y attendre la confirmation de ce qu’elle regardait comme de fausses nouvelles.

Ils ne furent pas plus tôt passés que Sigismond observa… « Est-ce donc là un roi et une reine !… Peste ! le roi ressemble passablement au vieux Jacono, le joueur de violon, qui a coutume de nous racler quelques airs lorsqu’il vient à Geierstein dans ses rondes, mais la reine est une personne tout-à-fait majestueuse. La première vache du troupeau, qui porte les bouquets et les guirlandes et conduit les autres au chalet, n’a pas une démarche plus imposante. Et avec quelle aisance vous avez approché d’elle et vous lui avez parlé ! Je ne m’en serais pas acquitté avec tant de grâce… mais vous avez sans doute fait votre apprentissage dans la profession de courtisan ? — Laissons-là ce sujet pour le moment, mon cher Sigismond, répondit Arthur, et parlez-moi encore de cette bataille. — Par Sainte-Marie ! mais il faut d’abord que je mange et que je boive, répliqua Sigismond, si votre crédit dans cette belle maison peut aller jusqu’à me faire servir quelque chose. — Sans doute, Sigismond, » dit Arthur ; et par l’intermédiaire de Mordaunt il lui procura sans peine, dans un appartement plus retiré, une collation et du vin, auxquels le jeune Biederman fit grand honneur, faisant claquer ses lèvres d’un air de connaisseur, après avoir bu les vins délicieux, qu’en dépit des préceptes ascétiques de son père il sablait lestement : son palais commençait à se former et à s’y habituer au mieux. Quand il se trouva seul avec un flacon de Côte-Rôtie, un biscuit et son ami Arthur, il n’hésita plus à continuer le récit de leurs exploits. Eh bien… où en étais-je ?… — Ah ! quand nous enfoncions leur infanterie… Eh bien ! ils ne se retiraient jamais, et la confusion augmentait dans leurs rangs à chaque pas… Nous aurions pu en exterminer au moins la moitié si nous ne nous fussions pas arrêtés à examiner le camp de Charles. Merci de nous ! Arthur, quel spectacle ! C’était !… chaque tente était pleine de riches habits, de splendides armures, de grands plats et de flacons, tous en argent, au dire de certaines personnes, mais je savais qu’il n’existait pas tant d’argent au monde, et j’étais bien sûr que cette vais-