Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 21, 1838.djvu/442

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sommes contenues dans le trésor provençal, lesquelles ne se montaient, comme on sait, qu’à dix mille écus. Ferrand, après avoir reçu la bénédiction de son aïeul, sous une forme que ses affaires rendaient très importante pour lui, retourna vers les guerriers résolus qu’il commandait ; et avec lui, après un adieu fort amical fait à Arthur, partit le robuste, mais simple Suisse, le jeune Sigismond Biederman.

La petite cour d’Aix fut laissée à son deuil. Le roi René, pour qui le cérémonial et la pompe, que le motif en fût d’ailleurs gai ou triste, étaient toujours une affaire d’importance, aurait volontiers employé pour solenniser les obsèques de sa fille Marguerite le reste de son revenu ; mais il en fut empêché, partie par les remontrances de ses ministres, partie par les obstacles que lui suscita le jeune Anglais, qui, agissant d’après les désirs présumés de la défunte, intervint pour s’opposer à ce qu’on déployât aux obsèques de la reine les pompes futiles pour lesquelles elle avait montré de la répugnance pendant sa vie.

Les funérailles furent donc, après plusieurs jours passés en prières publiques et en actes de dévotion, célébrées avec une magnificence lugubre due à la naissance de la défunte, et par laquelle l’Église de Rome sait si bien comment toucher l’œil, l’oreille et le cœur.

Parmi les différents nobles qui assistèrent à cette funèbre cérémonie, il y en eut un qui arriva pieusement lorsque le son des grandes cloches de Saint-Sauveur annonçait que la procession était déjà en marche vers l’église. L’étranger changea en toute hâte son habit de voyage pour des vêtements de deuil qui étaient coupés à la mode d’Angleterre : ainsi vêtu, il se rendit à la cathédrale où la noble mine du cavalier imposa tant de respect aux assistants qu’ils lui permirent d’approcher tout près de la bière ; et ce fut par dessus le cercueil de la reine, pour qui il avait tant travaillé et tant souffert, que le brave comte d’Oxford échangea un mélancolique regard avec son fils. Les assistants, surtout les serviteurs anglais de Marguerite, les regardaient tous deux avec surprise et vénération ; et le vieux cavalier, en particulier, leur semblait vraiment propre à représenter les fidèles sujets d’Angleterre, rendant leurs derniers devoirs à la tombe de celle qui avait si long-temps porté le sceptre, sinon sans fautes, toujours cependant d’une main ferme et résolue.

Le dernier son des chants funèbres s’était évanoui, et presque