Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 21, 1838.djvu/457

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sa bouche ou de sa main. Ils crient aussi pour qu’on les paie, et le trésorier refuse de les payer sans ordre de Votre Altesse, alléguant qu’il pourrait lui en coûter la tête ; et ils ne veulent consentir à être ni commandés ni contenus par aucun de nous ou de ceux qui composent votre conseil. »

Le duc sourit d’un air sombre, mais fut évidemment satisfait de cette réponse.

« Ah ! ah ! dit-il, il n’y a que Bourgogne qui puisse monter ce fougueux chevaux, et contenir ces vaillants soldats. Écoute, Contay… demain je monterai à cheval pour passer les troupes en revue… Des désordres passés oubli sera fait ; la paie aussi sera comptée… mais malheur à ceux qui m’auront manqué trop ouvertement ! Veillez à ce que mes valets de chambre me préparent des vêtements et des armes convenables. J’ai reçu une leçon, » ajouta-t-il en lançant un sombre regard à Oxford, « et désormais on ne m’insultera plus sans que j’aie moyen de faire sentir ma vengeance. Sortez tous deux… Contay, envoyez-moi le trésorier avec ses comptes, et malheur à son âme, si je trouve quelque chose à reprendre ! Sortez, vous dis-je, et envoyez-le moi. »

Ils quittèrent l’appartement avec l’obéissance convenable. Comme ils se retiraient, le duc dit d’un ton brusque : « Comte d’Oxford, un mot, s’il vous plaît. Où avez-vous étudié la médecine ? dans votre fameuse université, je suppose. Votre remède a opéré un miracle. Cependant, docteur, il aurait pu vous coûter la vie. — J’ai toujours estimé ma vie peu de chose, dit Oxford, quand il s’agissait de secourir un ami — Tu es en effet un ami, et un intrépide ami. Mais éloigne-toi… j’ai été trop fortement troublé, et tu as abusé sans mesure de ma patience. Demain nous causerons plus longuement ; en attendant je te pardonne et je t’honore »

Le comte d’Oxford se rendit à la salle du conseil où la noblesse bourguignonne, prévenue de ce qui s’était passé, l’entoura aussitôt et le combla de remercîments, d’éloges et de félicitations. Un mouvement général s’ensuivit ; des ordres furent donnés dans toutes les directions. Les officiers qui avaient à remplir des devoirs, et qui les avaient négligés, se hâtèrent de cacher ou de réparer leur négligence. C’était un tumulte général dans le camp, mais un tumulte de joie ; car les soldats n’éprouvent jamais autant de satisfaction que quand ils peuvent remplir leur service militaire avec régularité ; et la licence, la fainéantise, quelque agréables qu’elles puissent être parfois, ne sont jamais, quand elles se prolongent,