Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 21, 1838.djvu/7

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INTRODUCTION


MISE EN TÊTE DE LA DERNIÈRE ÉDITION D’ÉDIMBOURG.




Ce roman fut écrit à une époque où je ne pouvais fouiller dans ma bibliothèque, assez riche en ouvrages d’histoire et surtout en mémoires sur le moyen âge, temps dans lequel j’avais l’habitude de chercher les sujets de mes compositions fictives. En d’autres termes, il a été le fruit de mes heures de loisir à Édimbourg, et non celui de mes tranquilles matinées dans mon pays. Ayant été obligé de me fier à ma mémoire, forte il est vrai, mais pourtant capricieuse, je dois avouer qu’à raison de ces circonstances on trouvera plus de violations de la vérité historique dans les détails, qu’on n’en peut reprocher peut-être à mes autres romans.

J’ai été souvent complimenté sur la force de ma mémoire, et souvent j’ai eu dans la vie l’occasion de faire la réponse du vieux Beattie de Meikledale au ministre de sa paroisse, qui le louait de cette même faculté. « Non, docteur, dit l’honnête habitant des frontières, je ne commande pas à ma mémoire ; elle ne retient que ce qui frappe mon imagination, et à tel point, monsieur, que lorsque vous me prêchez pendant une couple d’heures, il ne m’est pas possible de me rappeler, à la fin, un seul mot de votre discours. » Peut-être y a-t-il peu d’hommes dont la mémoire garde avec une égale fidélité plusieurs sujets de différente espèce ; mais je suis fâché de dire que, tandis que la mienne a été rarement en défaut sur quelques pièces de vers ou quelques traits de caractère qui avaient une fois intéressé mon imagination, cependant elle ne m’a été ordinairement que d’un bien faible secours lorsqu’il s’agissait non seulement de noms, de dates, ou d’autres détails minutieux de l’histoire, mais encore de choses plus importantes.