Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 21, 1838.djvu/97

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et la considération due aux services de ses ancêtres, avait acquis une certaine influence dans les conseils de son canton natal, et sur la jeunesse de la ligue en général, influence plus considérable que celle qu’accordaient ordinairement ces sages républicains aux hommes d’un âge si tendre. Arthur, qui était alors un compagnon souhaité et bienvenu de toutes leurs parties de chasse et de leurs autres amusements, n’entendait les jeunes gens parler que de projets de guerre, rendus délicieux par l’espérance du butin et de la distinction que devaient obtenir les Suisses. Les exploits de leurs ancêtres contre les Allemands avaient été assez merveilleux pour réaliser les victoires fabuleuses des héros de roman ; et comme la race actuelle se recommandait aussi par des membres robustes et par un courage inflexible, ils se promettaient déjà des succès non moins brillants. Quand leur conversation venait à tomber sur le gouverneur de La Ferette, on le nommait d’ordinaire le maudit chien de Bourgogne, ou le dogue alsacien ; et l’on ne se cachait nullement pour dire que, si sa conduite n’était pas réprimée à l’instant même par son maître, s’il n’était pas rappelé des frontières de la Suisse, Archibald d’Hagenbach ne trouverait pas dans sa forteresse une protection suffisante contre la vive indignation des habitants de Soleure et particulièrement de Berne, qui gémissaient de ses injustices.

Cette disposition générale des jeunes Suisses à la guerre fut rapportée au vieux Philipson, par son fils, et en même temps le fit hésiter s’il ne devait pas plutôt s’exposer encore aux inconvénients et aux dangers d’un voyage, accompagné seulement d’Arthur, que de courir le risque des querelles où pourrait l’envelopper la conduite téméraire de ces jeunes et fiers montagnards, après qu’ils auraient quitté leurs propres frontières. Un tel événement aurait eu, à un degré tout particulier, l’effet de détruire absolument le but de son voyage ; mais, respecté comme Arnold Biederman l’était par sa famille et ses compatriotes, le marchand anglais en conclut qu’au total son influence pourrait contenir ses compagnons jusqu’à ce que la grande question de la paix ou de la guerre fût décidée, et spécialement qu’ils eussent accompli leur mission en obtenant une audience du duc de Bourgogne ; ensuite il ne ferait plus compagnie avec eux, et l’on ne pourrait, sous aucun prétexte, le rendre responsable de leurs démarches ultérieures.

Après un délai d’environ dix jours, la députation chargée de porter plainte au duc sur les oppressions et les exactions d’Archi-