Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 23, 1838.djvu/167

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portante d’apaiser les hautes terres, je suis disposé à donner mon approbation au projet de milord d’Albany, et à laisser ces sauvages se couper les membres les uns aux autres, afin d’éviter aux barons et aux chevaliers la peine de les abattre. — Milord de Douglas, » dit le prince, qui semblait résolu à n’omettre aucune occasion de vexer son orgueilleux beau-père, » milord de Douglas ne voudrait pas nous laisser, à nous habitants des basses terres, les pauvres miettes d’honneur qu’on peut ramasser aux dépens des brigands montagnards, tandis que lui, avec sa chevalerie de la frontière, va recueillir une pleine moisson de victoires sur les Anglais. Mais Piercy a vu le dos de certains hommes aussi bien que Douglas, et j’ai ouï dire qu’il arrivait souvent que celui qui partait pour tondre s’en revenait tondu. — Phrase, dit Douglas, fort convenable à un prince qui parle d’honneur en portant à son bonnet la mallette d’une prostituée en signe de faveur ; — Excusez-moi, milord, dit Rothsay ; quand on a été marié malgré soi, on est peu délicat dans le choix de celles qu’on aime par amour. Le chien enchaîné doit happer l’os qui est le plus à sa portée. — Rothsay, mon malheureux fils ! s’écria le roi, es-tu fou ? ou voudrais-tu attirer sur ta tête tout le déplaisir d’un roi et d’un père ? — Je suis muet au moindre mot de Votre Grâce. — Eh bien ! donc, milord d’Albany, dit le roi, puisque tel est votre avis ; puisque le sang écossais doit couler, dites-moi comment nous déciderons ces hommes si fiers à vider leur querelle par le combat que vous proposez ? — Ceci, mon souverain, doit être le résultat d’une plus mûre délibération ; mais la tâche ne sera point difficile ; il faudra de l’or pour gagner quelques bardes, quelques conseillers et orateurs principaux. D’ailleurs, il faut donner à entendre aux deux Chieftains, que s’ils n’agréent point cet arrangement amical… — Amical, Robert ! » dit le roi expressivement.

« Oui, amical, mon souverain ; puisque mieux vaut rendre la paix au pays au risque de perdre deux ou trois douzaines de bandits montagnards, que de rester en guerre jusqu’à ce que deux ou trois milliers aient péri par le fer, le feu, la famine, et toutes les calamités d’une guerre dans les montagnes. Pour revenir à notre projet, je pense que le premier parti auquel on proposera l’arrangement l’adoptera avec ardeur ; que l’autre sera honteux d’hésiter un moment à remettre la cause aux épées de ses plus braves hommes. La vanité et la haine de clans à clans les empêcheront de voir dans quelle intention nous adoptons une telle ma-