Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 23, 1838.djvu/186

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Notre-Dame, Catherine ! et si ce n’était cette même guerre des montagnes, vous ne différeriez pas ainsi votre visite dans nos contrées, ma charmante mistress. Mais les clans ne vont plus former désormais deux nations distinctes ; ils vont combattre comme des hommes pour la suprématie, et le vainqueur traitera avec le roi d’Écosse comme d’égal à égal, et non comme vassal. Priez que la victoire favorise Mac-Jan, ma pieuse sainte Catherine, car vous prierez pour un homme qui vous aime passionnément. — Je prierai pour le bon droit, répondit Catherine, ou plutôt je prierai pour qu’il y ait paix des deux côtés… Adieu, bon et excellent père Clément ; croyez que je n’oublierai jamais vos leçons… songez à moi dans vos prières… Mais comment pourrez-vous supporter un voyage aussi fatigant ? — On le portera, s’il le faut, dit Éachin, et en cas que nous allions loin sans lui trouver un cheval ; mais vous, Catherine, il y a loin d’ici à Perth, permettez-moi de vous y accompagner comme autrefois. — Si vous étiez comme autrefois, je ne refuserais pas votre escorte, mais des colliers, des agrafes et des bracelets d’or sont une dangereuse compagnie, quand les lanciers de Liddesdale et d’Annandale galopent sur la grande route, aussi nombreux que les feuilles la veille de la Toussaint, et il n’y a point de rencontre pacifique possible entre le tartan montagnard et la jaquette d’acier. »

Elle hasarda cette remarque, soupçonnant quelque peu qu’en jetant le joug, le jeune Éachin n’avait pas entièrement perdu les habitudes qu’il avait contractées dans un état plus humble, et que, s’il faisait le brave en paroles, il n’était pas assez téméraire pour se jeter au milieu de nombreuses querelles qu’une descente dans le voisinage de la ville devait lui attirer. Il arriva qu’elle avait bien conjecturé ; car, après un adieu où elle procura une exemption à ses lèvres, en lui permettant de baiser sa main, elle revint à Perth, et put de temps à autre, en se retournant, apercevoir les montagnards, tandis qu’ils s’enfonçaient vers le nord en suivant les détours des sentiers les plus cachés et les moins praticables.

Elle se sentit de plus en plus tranquille, à mesure qu’il y eut une plus grande distance entre elle et ces hommes dont les actions n’étaient jamais dirigées que par la volonté de leur chef, et dont le chef était un capricieux et ardent jeune homme. Elle ne craignait point d’être insultée sur sa route par les soldats d’au-