Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 23, 1838.djvu/194

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l’argile commune, et tu auras ta vengeance. Appelle mon page. »

Un jeune homme arriva dans l’antichambre sur l’invitation du médecin.

« Éviot, dit le chevalier, Bonthron est-il éveillé ? n’est-il pas ivre ? — Il est aussi calme que l’a pu faire le sommeil, après une copieuse libation, répondit le page. — Alors fais-le venir ici, et ferme la porte. »

Un pas pesant retentit alors dans l’appartement, et un homme entra, dont la taille peu haute semblait compensée par la largeur des épaules et la vigueur des bras.

« Voici un homme qui te taillera de la besogne, Bonthron, » dit le chevalier.

L’homme adoucit ses traits rudes, et grimaça un sourire de satisfaction.

« Ce médecin te montrera l’individu. Prends tels avantages de lieu, de circonstances qui puissent assurer le résultat ; et songe à faire de ton mieux, car l’individu est le hardi Smith du Wynd. — La corvée sera dure, grogna l’assassin ; car, si je manque mon coup, je puis me regarder comme un homme mort. Tout Perth connaît l’adresse et la force du forgeron. — Prends deux aides avec toi. — Non pas ; si vous doublez quelque chose, que ce soit la récompense. — Elle l’est, répliqua le chevalier, mais tâche que ta besogne soit accomplie entièrement. — Fiez-vous-en à moi, sire chevalier… J’ai manqué rarement mon coup. — Suis les directions de cet homme sage, » dit le blessé en montrant l’apothicaire ; « et écoute… Attends qu’il t’aille trouver… et ne bois pas avant que l’affaire soit terminée. — Il suffit, répliqua le noir satellite ; ma vie en dépend : il faut un coup ferme et sûr. Je sais à qui j’ai affaire. — Sors donc jusqu’à ce qu’il l’avertisse, et tiens prêtes une hache et une dague. »

Bonthron s’inclina et disparut.

« Votre Seigneurie ose-t-elle charger une seule main d’une telle commission ? » demanda l’apothicaire quand l’assassin eut quitté l’appartement ; « puis-je vous prier de vous souvenir que notre ennemi battit, il y a deux nuits, six hommes armés ? — Ne me faites point de questions, sire médecin ; un homme tel que Bonthron, qui connaît le temps et le lieu, vaut une vingtaine de débauchés en désordre… Appelle Éviot… Tu exerceras d’abord ton art de guérir : et puis tu seras sans aucun doute aidé dans l’autre besogne, par un homme qui rivalise avec toi