Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 23, 1838.djvu/255

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crime. — Vous dépeignit-il ceux qui l’avaient attaqué ? — C’étaient des tapageurs, en habits de masques. — Vous exprima-t-il la crainte d’être arrêté par eux en s’en retournant ? — Il me dit particulièrement qu’on l’attendait au retour ; ce que je traitai de vision, n’ayant aperçu personne dans le passage. — Il n’a donc reçu de vous de secours d’aucune espèce ? — Pardonnez-moi, respectables seigneurs ; il échangea son habit de danseur contre mon bonnet garni d’acier, mon justaucorps et mon bouclier, qu’on a retrouvés, m’a-t-on dit, sur son cadavre ; et j’ai chez moi son bonnet mauresque, ses grelots et le reste du costume. Il devait me renvoyer mon armure et faire reprendre son déguisement aujourd’hui, si les saints l’eussent permis. — Vous ne l’avez pas vu depuis ? — Jamais, milord. — Encore un mot dit le prévôt ; avez-vous quelque raison de croire que le coup qui donna la mort à Olivier Proudfute s’adressait à un autre ? — Oui, répondit l’armurier ; mais ce ne sont que des doutes, de simples suppositions, et il pourrait être dangereux de s’y arrêter. — Parlez toujours, sur votre foi d’homme libre et de bourgeois… À qui pensez-vous que ce coup s’adressait ? — Puisque je suis obligé de parler, répondit Henri, je crois qu’Olivier Proudfute reçut la mort qui m’était destinée, d’autant plus qu’Olivier avait la manie de copier ma démarche et qu’il avait revêtu mon habillement. — Aviez-vous eu récemment quelque querelle pour former une pareille conjecture ? — Je l’avoue à ma honte, j’ai eu des querelles avec l’habitant des hautes terres et l’habitant des basses terres ; avec l’Écossais et l’Anglais ; dans le comté de Perth et dans celui d’Angus. Le pauvre Olivier n’avait pas plus de querelles sur les bras que le poulet nouveau-né… Hélas ! il n’en était que mieux préparé à comparaître si subitement devant le grand Juge. — Écoutez-moi, Smith, et répondez-moi sincèrement… Existait-il quelque sujet de querelle entre les gens de sir John Ramorny et vous ? — Oui, milord ; cela est certain ; on dit généralement que c’est à Black-Quentin, qui passa le Tay, il y a quelques jours, pour aller dans le comté de Fife, qu’appartenait la main qui fut trouvée dans Curfew-Street, la veille de la Saint-Valentin. Or c’est moi qui ai coupé cette main d’un coup de mon épée. Comme ce Black-Quentin était valet de chambre de sir John, et fort avant dans sa confiance, il est vraisemblable que le reste des gens de ce seigneur conserve du ressentiment contre moi. — Tout cela me semble fort probable, dit sir Patrick Charteris. Et maintenant,