Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 23, 1838.djvu/26

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les porte d’ordinaire ; mais n’en trouvant point, il fit un geste de fureur désappointée et entra dans l’église. Pendant ce jeu muet, le jeune noble resta les bras croisés sur la poitrine, un sourire dédaigneux sur les lèvres, comme pour le défier d’oser davantage. Et quand Conachar fut entré, le jeune lord s’enveloppa avec plus de soin encore dans son manteau, et fit un signal particulier en levant un de ses gants. Il fut aussitôt rejoint par deux hommes qui, déguisés comme lui, avaient épié ses mouvements à quelque distance. Ils causèrent vivement ensemble, après quoi le jeune gentilhomme se retira dans une direction, ses amis ou domestiques en prenant une autre.

Simon Glover, avant d’entrer dans l’église, avait jeté un coup d’œil sur le groupe, mais il avait pris sa place parmi la congrégation, avant que les inconnus se fussent séparés ; il s’agenouilla avec l’air d’un homme qui a un poids sur le cœur ; mais quand l’office fut terminé, il sembla libre d’inquiétude, comme s’il se fût remis, lui et ses peines, à la disposition du ciel. L’office du soir fut célébré avec une pompe et une solennité extraordinaire, en présence d’un grand nombre de nobles et de dames d’un haut rang. On avait même fait des préparatifs pour la réception du bon vieux roi, mais quelques-unes des infirmités auxquelles il était sujet avaient empêché Robert III d’assister au service divin, comme c’était sa coutume. Quand la congrégation fut renvoyée, le gantier et sa charmante fille demeurèrent quelque temps pour s’approcher des confessionnaux où les prêtres avaient pris place. Il advint ainsi que la nuit était noire et le chemin solitaire, quand ils revinrent à leur habitation. La plupart des habitants étaient retirés chez eux et couchés. Ceux qui erraient encore dans les rues étaient des coureurs de nuit ou des débauchés, serviteurs fainéants et ferrailleurs des nobles orgueilleux, et qui se permettaient fréquemment d’insulter les paisibles passants, se fiant à l’impunité que la faveur de leurs maîtres à la cour n’était que trop propre à leur assurer.

Ce fut peut-être dans la crainte de quelque malheur de ce genre que Conachar, s’avançant vers le gantier, lui dit : « Maître, hâtez le pas ; nous sommes suivis. — Suivis, dis-tu ? Comment, et par combien de gens ? — Par un homme enveloppé dans son manteau, qui nous suit comme notre ombre. — Je ne hâterai jamais le pas dans Couvrefew-Street pour un seul homme, quand ce serait le plus vaillant de ceux qui l’ont jamais traversé. — Mais il a des