Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 23, 1838.djvu/264

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tre les citoyens de Perth… au meurtre de ce bonnetier, sur la mort duquel ils crient comme une troupe de mouettes, quand un de ces animaux criards a été percé par la flèche d’un enfant. — Leurs vies, dit le roi, leur sont chères, ainsi qu’à leurs amis. — Oui, en vérité, milord, et ils savent nous les rendre chères quand il faut nous entendre avec ces drôles pour une goutte de leur sang répandu… Mais, comme je l’ai dit, Votre Majesté pense que le prince n’a été pour rien dans ce dernier attentat. Je ne veux point essayer d’ébranler votre conviction sur ce point délicat ; je m’efforcerai plutôt de la partager. Votre opinion est toujours la mienne ; Robert d’Albany ne pensera jamais autrement que Robert de la puissante Écosse. — Je vous remercie, Robert, je vous remercie, » dit le roi en serrant la main de son frère ; « je savais que je pouvais compter sur votre affection pour rendre justice à ce pauvre fou de Rothsay qui s’expose à tant de mauvaises interprétations de sa conduite, qu’il mérite à peine les sentiments que vous avez pour lui. »

Albany était si impassible et si ferme dans ses résolutions, qu’il eut le courage de serrer amicalement la main de son frère pendant qu’il combinait les moyens de détruire les espérances du bon et indulgent vieillard. »

« Mais, hélas ! » reprit le duc avec un soupir, « cet intraitable chevalier de Kinfauns et son troupeau de bourgeois querelleurs ne verront pas la chose comme vous et moi ; ils ont l’audace de dire que le bonnetier avait été maltraité par Rothsay et les gens de sa suite qui parcouraient les rues masqués, arrêtant pour se divertir les hommes et les femmes, les forçant de danser ou de boire une énorme quantité de vin, sans parler de bien d’autres folies qu’il est inutile de rapporter. Ils disent que la bande se dirigea vers la maison de sir John Ramorny, que tous s’y précipitèrent confusément, afin d’y terminer leur partie de plaisir. Ils prétendent trouver dans ce fait de bonnes raisons pour croire que le renvoi de sir John Ramorny du service du prince n’était qu’un stratagème, afin de tromper le public. Et ils en concluent que, si des excès ont été commis pendant cette nuit par sir John Ramorny ou ses gens, on est en droit de penser que le duc de Rothsay en a eu pour le moins connaissance, si même il ne les a pas autorisés. — Albany, cela est terrible ! voudraient-ils faire passer mon fils pour un meurtrier ? Prétendraient-ils qu’il a trempé ses mains dans le sang écossais, sans provocation et sans