Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 23, 1838.djvu/270

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combats de coqs, le jour du mardi gras, que de combiner des plans pour faire massacrer des hommes le dimanche des Rameaux, comme s’il était chargé d’organiser des mêlées où chacun doit combattre jusqu’à la mort. — Rothsay a raison, Albany, dit le roi. Il ne convenait pas à un monarque chrétien d’accorder une telle demande. Je ne puis consentir à voir des hommes se battre jusqu’à ce qu’ils soient tous assommés comme des bestiaux à la boucherie. Un tel spectacle suffirait pour me rendre malade, et le bâton s’échapperait de ma main, faute de pouvoir le retenir. — Il tomberait sans qu’on y fît attention, dit Albany. Permettez-moi de représenter à Votre Grâce qu’elle renonce seulement à un privilège qui ne saurait être respecté dans cette occasion. Si Votre Majesté jetait son bâton royal dans le fort de l’action, quand le sang de ces hommes est échauffé, on n’y aurait pas plus d’égard que si un aigle laissait tomber, au milieu d’un troupeau de loups acharnés les uns contre les autres, le brin de paille qu’il porte à son nid : rien ne peut les séparer que l’épuisement complet de leur sang ; et il vaut mieux qu’il soit répandu par les mains les uns des autres, que par les troupes qui tâcheraient de faire la paix par l’ordre de Votre Majesté. Une tentative pour les contraindre à la paix par la force serait considérée par eux comme une embûche ; les deux partis s’uniraient pour résister… le carnage ne serait pas moindre, et les espérances de paix que nous avons pour l’avenir seraient entièrement détruites. — Il n’y a que trop de vérité dans ce que vous dites, mon frère, répliqua le docile monarque. À quoi bon ordonner ce que je ne puis faire exécuter ; et, quoique j’aie le malheur d’endurer cet affront chaque jour de ma vie, cependant il est inutile de donner un si public exemple de mon impuissance royale en présence de la foule rassemblée pour être témoin de ce spectacle. Que ces hommes sauvages assouvissent donc leur passion sanguinaire les uns sur les autres, je n’essayerai point de défendre ce que je ne pourrais empêcher. Que le ciel prenne pitié de ce malheureux pays ! je vais me retirer dans mon oratoire et prier pour lui, puisqu’il ne m’est permis de l’aider ni par ma prudence ni par la force de mes armes. Père prieur, accordez-moi l’appui de votre bras. — Mon frère, dit Albany, pardonnez-moi si je vous rappelle que nous devons nous occuper de l’affaire entre les citoyens de Perth et Ramorny, au sujet de la mort d’un bourgeois. — Cela est vrai, » dit le monarque se rasseyant ; « encore des querelles… encore des