Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 23, 1838.djvu/294

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

elle voulait avoir la patience d’attendre un peu, je l’enverrais prévenir quand le duc d’Albany sera sorti. Je ne doute pas que le roi n’admette alors Votre Grâce ; pour le moment, que Votre Altesse me pardonne… il m’est impossible de la laisser entrer. — Je te comprends, Mac-Louis ; mais néanmoins, entre et acquitte-toi de ma commission. »

L’officier entra et rapporta pour réponse que le roi était indisposé et sur le point de se retirer dans ses appartements particuliers, mais que le duc d’Albany allait se rendre auprès du prince d’Écosse. Cependant une grande demi-heure s’écoula avant que le duc d’Albany parût. Rothsay passa ce temps-là, tantôt dans un sombre silence, tantôt dans un entretien vague avec Mac-Louis et les Brandanes, selon que la légèreté ou l’irritabilité de son caractère prenait le dessus.

Enfin le duc arriva, et avec lui le grand connétable, dont la figure portait une expression frappante de tristesse et d’embarras.

« Beau neveu, dit le duc d’Albany, je suis fâché d’avoir à vous dire que mon royal frère a pensé qu’il serait utile pour l’honneur de la famille royale que Votre Altesse se retirât pour un temps dans le logement du grand connétable, et acceptât le noble comte, ici présent, pour son principal, sinon pour son seul compagnon, jusqu’à ce que les calomnies qui ont été répandues aujourd’hui soient réfutées ou oubliées. — Comment, lord Errol ! » dit le prince étonné, « votre maison doit-elle être ma prison, et Votre Seigneurie mon geôlier ? — À Dieu ne plaise, milord, dit le comte d’Errol ; mais c’est mon devoir, quelque douloureux qu’il puisse être, d’obéir aux ordres de votre père, en considérant Votre Altesse royale comme placée momentanément sous ma garde. — Le prince ! l’héritier d’Écosse sous la garde du grand connétable ! Quelle raison peut-on donner pour prendre une telle mesure ? Les paroles empoisonnées d’un meurtrier sont-elles assez puissantes pour ternir mon écusson royal ? — De telles accusations, tant qu’elles ne sont ni réfutées ni démenties, mon neveu, reprit le duc d’Albany, souilleraient un monarque. — Démenties ! milord, s’écria le prince, et par qui sont-elles avancées ? sinon par un misérable trop infâme, même de son propre aveu, pour être crues un moment, quand il s’agirait de la réputation, je ne dis pas d’un prince, mais d’un mendiant. Qu’on l’amène ici, qu’on lui fasse voir les instruments de torture, et vous l’entendrez bien-