Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 23, 1838.djvu/304

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histoires. Il y a encore pour le ménager d’autres raisons qui intéresseraient peu Votre Vaillance… En vérité, j’ai montré de la générosité à le servir ainsi ; car le drôle est bâti aussi solidement que le château d’Édimbourg, et son squelette ne l’aurait cédé à aucun de ceux qui sont dans la salle de chirurgie à Padoue. Mais dites-moi, maître Buncle, quelles nouvelles avez-vous apportées de l’illustre Douglas ? — Ceux qui les savent peuvent les dire, reprit Buncle ; je suis comme l’âne qui porte le message et ne voit rien de ce qu’il renferme. C’est peut-être le plus sûr pour moi. J’ai porté des lettres du duc d’Albany et de sir John Ramorny à Douglas, et en les ouvrant, il avait l’air aussi sombre qu’une tempête du nord. Je leur ai rapporté la réponse du comte, et ils ont souri comme quand le soleil sort des nuages après un orage d’été. Allez consulter vos éphémérides, médecin, et dites-nous ce que cela signifie. — Je crois pouvoir le deviner sans beaucoup de frais d’esprit, dit le chirurgien ; mais j’aperçois là-bas, au clair de lune, notre mort vivant. S’il avait crié pour appeler quelque passant, c’eût été une singulière chose pour un voyageur de nuit d’être hélé du haut d’un gibet. Écoutez, il me semble que j’entends ses gémissements au milieu du sifflement du vent et du cliquetis de ses chaînes. Bien, doucement, sans bruit ; amarrez le bateau avec le grappin ; apportez ma cassette et mes instruments. Il serait mieux d’avoir un peu de feu, mais la lumière pourrait nous faire remarquer. Avançons, mes braves, et marchez avec précaution, car nous allons au gibet. Suivez-moi avec la lanterne : j’espère qu’on aura laissé l’échelle. »

Chantons, trois joyeux hommes et trois joyeux hommes, trois joyeux hommes sont ici, toi sur la terre, moi sur le sable, et Jack suspendu à la potence.

En approchant du gibet, ils purent entendre distinctement des gémissements étouffés. Dwining se hasarda à tousser deux ou trois fois par manière de signal ; mais ne recevant point de réponse : « Nous aurions dû nous hâter davantage, dit-il à ses compagnons, car notre ami doit être à l’extrémité, puisqu’il ne répond pas au signal qui lui annonce du secours. Allons, mettons la main à l’œuvre ; je vais monter le premier au haut de l’échelle et couper la corde. Suivez-moi tous deux, et tenez fortement le corps afin qu’il ne tombe pas quand le licou sera coupé. Saisissez-le bien ; les bandages vous serviront à le soutenir. Songez que s’il joue cette nuit le rôle d’un hibou, il n’en a pas les ailes, et qu’il