Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 23, 1838.djvu/379

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

médecin. Le duc de Rothsay refusa d’en rien faire, et ordonna avec hauteur qu’on lui préparât un lit ; et après avoir resté quelque temps grelottant dans ses vêtements mouillés devant un foyer ardent, il se retira dans son appartement sans prendre congé de personne.

« Vous voyez l’humeur capricieuse de cet enfant, dit Ramorny à Dwining ; vous étonnerez-vous maintenant qu’un serviteur qui a fait autant que moi pour lui soit fatigué d’un tel maître ? — Non, vraiment, dit Dwining ; ce motif et la promesse du comté de Lindores suffisaient pour ébranler toute espèce de fidélité. Mais commencerons-nous ce soir avec lui ? Si l’œil et les joues ne sont pas trompeurs, il y a un germe de fièvre qui rend notre besogne facile, parce qu’elle semblera l’effet de la nature. — C’est une occasion perdue, dit Ramorny ; mais il faut différer jusqu’à ce qu’il ait vu cette beauté, Catherine Glover. Elle pourra attester par la suite qu’elle l’a vu bien portant et maître de ses actions peu de temps avant… Vous me comprenez ? »

Dwining fit signe que oui, et ajouta :

« Il n’y a pas de temps de perdu ; car il n’est pas difficile de flétrir une fleur qui a fleuri trop tôt. »


CHAPITRE XXXI.

L’ASSASSINAT.


Hélas ! c’était au fond un homme qui ne connaissait pas la honte, adonné à la débauche et aux joies impies : peu de choses trouvaient grâce devant ses yeux, sauf les femmes perdues, et des convives joyeux de haute ou de basse condition.
Byron.


Le lendemain matin, l’humeur du duc de Rothsay était changée. Il se plaignait, il est vrai, de souffrances et de la fièvre ; mais elles semblaient plutôt l’animer que l’accabler. Il était familier avec Ramorny, et bien qu’il ne parlât point de ce qui s’était passé la nuit précédente, il était évident qu’il désirait effacer du souvenir de ses compagnons la mauvaise humeur qu’il avait montrée. Il fut poli envers tous, et plaisanta avec Ramorny sur l’arrivée de Catherine.

« Comme la jolie prude sera surprise en se voyant au milieu d’une troupe d’hommes, quand elle s’attendait à être reçue parmi les cornettes et les chaperons des femmes de la suite de dame