Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 23, 1838.djvu/423

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d’une fois, dans l’espérance de voir revenir le déserteur ; et peut-être le chef lui-même fut-il le seul de l’intrépide bande qui restât tout à fait indifférent à cette absence.

Ils traversaient toutes les rues sans apercevoir Ferquhard Day, qui, à plus d’un mille dans les montagnes, était occupé à recevoir tous les dédommagements qu’un amour heureux peut donner pour la perte de l’honneur. Mac-Gillie Chattanach s’avançait sans paraître remarquer cette désertion, et entra dans le North-Inch, plaine belle et unie, adjacente à la ville, et appropriée aux exercices belliqueux des habitants.

La plaine est baignée d’un côté par le Tay, profond et rapide. On avait élevé une forte palissade, fermant de trois côtés un espace de cent cinquante pas en long, et de soixante-quatorze en large. Le quatrième côté était considéré comme suffisamment défendu par la rivière. Un amphithéâtre, construit pour la commodité des spectateurs, entourait la palissade, laissant un large espace libre, que devaient remplir les hommes armés à pied et à cheval, et les spectateurs des classes inférieures. À l’extrémité de la lice, la plus voisine de la cité, était une rangée de balcons élevés pour le roi et sa cour, décorés avec une telle profusion de feuillage et de guirlandes, entremêlés d’ornements dorés, que l’endroit porte encore aujourd’hui le nom de Berceau doré.

La musique montagnarde, qui sonnait les pibrocks, ou airs de bataille particuliers aux bandes rivales, resta muette dès que les combattants arrivèrent dans la lice ; tel était l’ordre qui avait été donné. Deux vigoureux, mais vieux guerriers, portant chacun la bannière de leur tribu, s’avancèrent des extrémités opposées de la lice, et plantant en terre leurs étendards, s’apprêtèrent à regarder un combat où ils ne devaient point être acteurs. Les joueurs d’instruments, qui devaient aussi demeurer neutres dans la bataille, prirent place sous leurs drapeaux respectifs.

La multitude accueillit les deux bandes avec ces applaudissements unanimes dont elle salue toujours en pareille occasion ceux qui lui procurent un amusement, un spectacle à son goût. Les combattants ne répondirent pas à ce salut ; mais chaque troupe se dirigea vers les extrémités différentes de la lice, où se trouvaient des portes par où elles devaient pénétrer à l’intérieur. Un fort détachement d’hommes armés gardaient les deux entrées ; le comte maréchal à l’une, le lord grand connétable à l’autre, examinèrent soigneusement chaque individu pour voir s’il avait les