Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 23, 1838.djvu/86

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paroles ou en actions à notre jolie ville, lorsque la langue ou la main d’un homme pouvait la réparer ; je ne tolérerai pas mieux cet outrage-ci, si je peux le punir. J’irai trouver le prévôt moi-même : il est chevalier, il est loyal, il est gentilhomme de libre et bon sang, comme nous savons tous, depuis le temps de Wallace, qui nous donna pour prévôt l’arrière-grand-père de celui-ci. Mais, fût-il le plus orgueilleux noble du pays, il est prévôt de Perth, et pour son honneur il doit défendre les libertés et les franchises de la ville… Oui, et je sais qu’il les défendra… Je lui ai fabriqué une cuirasse d’acier, et j’avais bonne idée de l’espèce de cœur qu’elle devait recouvrir. — Sûrement, dit le bailli Craigdallie, il serait inutile de se présenter à la cour sans être soutenu par sir Patrick Charteris ; la réponse serait bientôt faite : « Allez trouver votre prévôt, faquins. » Ainsi, voisins et concitoyens, si vous partagez mon avis, moi et notre apothicaire Dwining nous irons incontinent à Kinfauns avec Simon Glover, le brave Smith, et le galant Olivier Proudfute, pour témoigner de la violence, et nous parlerons à sir Patrick Charteris au nom de la jolie ville. — Oh ! dit le pacifique fabriquant de médecines, laissez moi en arrière, je vous prie ; je n’ai pas assez de hardiesse pour parler devant un vrai chevalier. — Qu’à cela ne tienne, voisin, il vous faut venir, dit le bailli Craigdallie ; la ville me regarde encore comme un gaillard en dépit de ma soixantaine… Simon Glover est la partie offensée… Nous savons qu’Henri Gow gâte plus d’armures avec son épée qu’il n’en fabrique avec son marteau… Et notre voisin Proudfute, qui, à ce qu’il nous assure, assiste toujours au commencement et à la fin de toutes les disputes, doit donc être un homme d’action. Il nous faut au moins avec nous un avocat pour la paix et la tranquillité : en bien ! apothicaire, vous êtes notre homme. Allons, messieurs, vos bottes et vos bêtes… À cheval, et lestement, dis-je… La réunion à la porte de l’Est… c’est-à-dire si votre bon plaisir est, voisins, que nous prenions sur nous l’affaire. — Il est impossible de mieux faire, et nous y consentons tous, dirent les citoyens ; si le prévôt prend notre parti, comme la jolie ville a droit de s’y attendre, nous pouvons attacher le grelot du chat au plus brave de ces messieurs. — Il suffit, voisins ; ainsi dit, ainsi fait. J’ai rassemblé pour cette heure le grand conseil de la ville, et je doute peu, » dit-il en promenant ses regards sur la foule, « puisqu’un si bon nombre de conseillers ici présents ont pensé qu’il fallait s’entendre avec