Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 23, 1838.djvu/87

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le prévôt, que tous les autres n’abondent dans le sens de cette décision. C’est pourquoi, voisins et dignes bourgeois de la jolie ville de Perth… vite, à cheval, comme j’ai déjà dit, et la réunion à la porte de l’Est. »

Une acclamation générale termina la séance de cette espèce de conseil privé, ou lords des articles[1] ; et l’on se dispersa, la députation pour se préparer au voyage, le reste pour aller dire à leurs femmes et à leurs filles impatientes les mesures qu’ils auraient prises pour rendre leurs chambres sûres contre les invasions nocturnes des galants.

Pendant qu’on sellait les bidets, et que le conseil de ville débattait ou plutôt légalisait le projet que les principaux membres de l’assemblée avaient déjà adopté, il peut être nécessaire, pour l’intelligence de quelques lecteurs, d’énoncer en termes plus clairs des circonstances qui n’ont pas été suffisamment expliquées dans le cours de la discussion précédente.

C’était l’usage, à cette époque où la force de l’aristocratie féodale attaquait les droits, et souvent insultait les privilèges des royaux bourgeois d’Écosse, que les bourgeois, au lieu de choisir leur prévôt parmi ceux des citoyens qui pouvaient remplir les charges de la magistrature, que les bourgeois, disons-nous, élevassent à cette haute dignité quelque noble ou baron très-puissant du voisinage de leur ville, capable de défendre à la cour les intérêts de la cité dans les affaires qui regardaient le bien public ; et de mener la milice urbaine au combat, dans les guerres générales comme dans les querelles particulières, en la renforçant de ses propres troupes féodales. Cette protection n’était pas toujours gratuite ; les prévôts profitaient quelquefois de leur situation à un point que rien ne saurait justifier, extorquant des dons de terres et de maisons appartenant aux biens communaux ou aux domaines publics de la ville, et faisant ainsi payer cher aux citoyens l’appui qu’ils leur prêtaient. D’autres se contentaient de pouvoir recourir aux habitants de la cité dans leurs propres querelles entre grands seigneurs, et d’en recevoir telles autres marques de respect et de bienveillance que leur accordait volontiers la ville qu’ils représentaient, afin de s’assurer leur utile assistance en cas de besoin. Le baron, qui était protecteur suprême d’une ville royale, acceptait sans scrupules les dons volontaires,

  1. Allusion à la ligue des covenantaires ; ceux qui la rédigèrent furent appelés les lords des articles; a. m.