Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 23, 1838.djvu/96

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

menta beaucoup sa frayeur en mettant son petit bidet à un trot vigoureux, pour venir à sa rencontre. À la vue de ce mouvement, sans doute offensif, notre héros regarda plus d’une fois par-dessus son épaule gauche, comme pour s’assurer des moyens de retraite qui lui restaient ; enfin il s’arrêta net. Mais le Philistin était arrivé avant que le bonnetier se fût déterminé à combattre ou à fuir, et c’était un Philistin de fort mauvaise mine. Son corps était maigre et sec, sa figure traversée par deux ou trois affreuses balafres, et au total il semblait être de ces gens accoutumés à dire : « Halte là, et rends-toi. »

Cet individu entama la conversation en s’écriant d’une voix aussi effrayante que son aspect « Le diable vous emporte, vilain coucou ! pourquoi galoper ainsi au travers de la plaine pour effaroucher mon gibier. — Digne étranger, » répliqua notre ami du ton d’une pacifique remontrance, « je suis Olivier Proudfute, bourgeois de Perth, et homme de quelque considération ; et voici l’honorable Craigdallie, le doyen des baillis de la ville, avec le brave Smith du Wynd, et trois ou quatre autres hommes armés, qui désirent savoir votre nom, et pourquoi vous venez prendre votre plaisir sur ces terres qui appartiennent à la ville de Perth… quoique, je vous l’assure en leur nom, leur désir ne soit aucunement de se quereller avec un gentilhomme ou un étranger à propos d’une faute accidentelle ; seulement c’est leur usage, leur coutume de n’accorder une telle permission que lorsqu’elle leur est dûment demandée ; et… et… en conséquence, je désire savoir votre nom, mon digne monsieur. »

L’air sombre et dédaigneux avec lequel le fauconnier avait regardé Olivier Proudfute durant sa harangue, l’avait grandement déconcerté, et le ton de l’enquête avait été tout différent de ce qui eût semblé convenable au bonnetier, s’il avait eu Henri Gow près de lui.

Néanmoins, toute modifiée qu’était la harangue, l’étranger y répondit par une grimace de fort mauvaise augure, que les cicatrices de son visage firent paraître encore plus repoussante. « Qu’avez-vous besoin de savoir mon nom ? Mon nom est Dick du Diable de Hellgarth, bien connu dans l’Annandale pour un noble Johnstone. J’accompagne le hardi laird de Wamfray, qui marche avec son parent, le redouté lord de Johnstone, qui va de compagnie avec le brave comte de Douglas ; et le comte, le lord, le laird, et moi l’écuyer, nous lançons nos faucons où nous trouvons