Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/118

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pourrais abjurer en toute sûreté, appelant sur ma tête tous les châtiments dont nous menace notre religion, et renonçant à toutes les promesses qu’elle nous fait dans le cas où j’aurais participé à de tels desseins par pensées, par paroles ou par actions. Néanmoins, vous qui ne voulez pas croire à cette protestation solennelle, vous allez agir contre moi comme si j’étais un criminel, et en le faisant je dois vous prévenir, sire chevalier, que vous commettrez une grande et cruelle injustice. — Je tâcherai d’éviter ce malheur, répliqua sir Aymer, en laissant le soin de cette affaire à sir John de Walton, gouverneur du château, qui décidera quelle conduite il faut tenir : en ce cas, mon seul office sera de vous remettre entre ses mains, au château de Douglas. — Est-ce donc là votre dessein ? — Assurément, sinon je serais responsable d’avoir négligé mon devoir. — Mais si je m’engage à vous dédommager de vos pertes par une somme d’argent considérable, par une vaste étendue de terre… — Ni trésors ni terres, en supposant que vous en ayez à votre disposition, ne sauraient réparer la perte de l’honneur ; et d’ailleurs, jeune homme, comment me fierais-je à vos promesses si mon ambition était telle qu’elle pût m’engager à écouter de semblables propositions ? — Faut-il donc alors que je me prépare à vous suivre sur-le-champ au château de Douglas, et à comparaître devant sir John de Walton ? — Jeune homme, il faut qu’il en soit ainsi, et si vous tardez plus long-temps à consentir à cette démarche, je me verrai contraint à vous emmener de force. — Et quelles seront pour mon père les conséquences de tout ceci ? — Elles dépendront absolument de la nature de vos aveux et des siens : vous avez tous deux bien des choses à dire, comme le prouvent les termes de la lettre que sir John vous a apportée ; et, je vous l’assure, mieux vaudrait avouer tout de suite que courir les chances d’un nouveau retard : nous ne pouvons souffrir qu’on se joue davantage de nous ; et croyez-moi, votre sort sera entièrement déterminé par votre franchise et votre sincérité. — Je vais donc me préparer à vous suivre dès que vous m’en donnerez l’ordre ; mais la cruelle maladie dont j’ai souffert ne m’a point tout-à-fait quitté, et le père Jérôme, qui possède de vastes connaissances en médecine, vous assurera lui-même que je ne puis marcher sans péril pour mes jours : depuis l’instant où je suis entré dans ce couvent, j’ai toujours refusé de prendre de l’exercice, lorsque la bienveillance de vos soldats d’Hazelside m’en offrait l’occasion, de peur d’introduire la contagion parmi vos gens. — Le jeune homme