Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/152

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Vous vengeriez les torts et la tyrannie d’Édouard Plantagenet sur les dames et les demoiselles d’Angleterre qui n’ont point accès dans ses conseils, et qui peut-être n’approuvent pas sa conduite dans ces guerres contre l’Écosse. — Et me prieriez-vous encore, dit le chevalier du Sépulcre, si je vous disais les maux auxquels vous seriez exposée dans le cas où nous tomberions entre les mains des soldats anglais, et s’ils vous trouvaient sous une protection d’aussi mauvais augure que la mienne ? — Soyez sûr, répliqua lady Augusta, que la considération d’un tel événement n’ébranle ni ma résolution ni mon désir de me confier à votre protection. Vous ne pouvez savoir qui je suis, et par suite juger combien Édouard serait peu tenté de m’infliger une punition rigoureuse. — Comment puis-je vous connaître ? répliqua le sombre cavalier. Il faut que votre position soit extraordinaire, en effet, si elle peut retenir par justice ou par humanité l’amour de vengeance qui dévore Édouard. Tous ceux qui le connaissent savent bien que ce n’est pas un motif ordinaire qui l’empêcherait de se livrer au penchant de son mauvais naturel. Quoi qu’il en soit, madame, si vous êtes une dame, sous ce déguisement vous m’investissez soudain de votre confiance, et il faut que je m’en montre digne de mon mieux. C’est pourquoi il faut que vous vous laissiez guider implicitement par mes conseils : ils vous seront donnés à la mode du monde spirituel, attendu qu’ils seront des ordres plutôt que des instructions détaillées sur la conduite que vous avez à tenir, et qu’ils auront pour base plutôt la nécessité qu’aucune démonstration, aucun raisonnement. De cette manière, il est possible que je puisse vous servir ; de toute autre façon, il est fort probable que je vous manquerais au besoin, et que je disparaîtrais comme un fantôme qui craint l’approche du jour. — Vous ne pouvez être si cruel ! un gentilhomme, un chevalier, un noble… car je suis convaincue que vous êtes tout cela, a des devoirs qu’il ne peut refuser de remplir. — Il en a, je vous l’accorde, et ils sont sacrés pour moi ; mais il est aussi des devoirs dont l’obligation est doublement forte, et auxquels je dois sacrifier ceux qui autrement me porteraient à me dévouer à votre défense. La seule question est celle-ci : êtes-vous disposée à accepter ma protection, aux conditions auxquelles seulement je puis vous l’accorder ; ou bien préférez-vous que chacun de nous suive son propre chemin, s’en remette à ses propres ressources et laisse le reste au soin de la Providence ? — Hélas ! exposée et poursuivie comme je le suis, m’inviter à prendre moi-même une résolution, c’est comme de-