Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/169

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faisant remarquer le tintement des cloches qui commençaient à sonner le service du jour car c’était le dimanche des Rameaux.

« Au nom du ciel, dit-elle, au nom de vous-mêmes, au nom de l’amour des dames et des devoirs de la chevalerie, suspendez vos coups seulement pour une heure : puisque les forces sont si égales, cherchons quelque moyen de convertir la trève en une paix solide. Songez que c’est aujourd’hui la fête des Rameaux : souillerez-vous par du sang une si grande solennité du christianisme ? Interrompez du moins votre lutte de manière à vous rendre à la plus proche église, portant avec vous des rameaux, non pas à la manière ni avec l’ostentation des conquérants de ce monde, mais comme rendant l’hommage dû aux règles de l’Église et aux institutions de notre sainte religion. — En effet, belle dame, j’étais en chemin pour me rendre dans la sainte église de Douglas, dit l’Anglais, lorsque j’ai eu le bonheur de vous rencontrer ici ; et je ne refuse pas de continuer ma route en ce moment même, concluant une trêve d’une heure, attendu que j’y trouverai bien certainement des amis auxquels je vous confierai en toute assurance, si je venais à succomber dans le combat que nous allons interrompre pour le reprendre après le service divin. — Je consens aussi, répliqua Douglas, à cette courte trêve, et je trouverai de même, assurément, assez de bons chrétiens dans l’église qui ne souffriraient pas que leur maître fût accablé sous le nombre. Marchons donc, et que chacun de nous coure la chance de ce qu’il plaira au ciel de lui envoyer. »

D’après un tel langage, sir John de Walton douta peu que Douglas ne se fût assuré un parti parmi ceux qui seraient rassemblés dans le temple ; mais il n’hésitait pas à penser que les soldats de la garnison y seraient assez nombreux pour comprimer toute tentative de soulèvement : au reste c’était un risque qui valait bien la peine qu’il le courût, puisque là il trouvait l’occasion de placer lady Augusta de Berkely en lieu sûr, ou du moins de faire dépendre sa liberté de l’issue d’une bataille générale, au lieu du résultat précaire d’un combat seul à seul avec Douglas.

Ces deux illustres chevaliers pensaient intérieurement que la proposition de la dame, quoiqu’elle suspendît le combat pour le moment, ne les obligeait en aucune manière à se priver des avantages qu’une augmentation de forces pourrait leur donner de part et d’autre ; et chacun d’eux, d’après ses dispositions intérieures, se croyait sûr de la supériorité. Sir John de Walton était presque