Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/193

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mot, renouvela avec de Walton ce formidable combat singulier où ils avaient déjà fait preuve de tant de courage. Ils se jetèrent l’un sur l’autre avec un redoublement de furie. Sir Aymer de Valence alla se placer à gauche de son ami de Walton, et il semblait désirer qu’un partisan de Douglas vînt se joindre à son chef pour qu’il pût lui-même prendre part à l’action ; mais ne voyant personne qui semblât disposé à le satisfaire, il modéra son envie, et demeura simple spectateur, bien contre son gré. Enfin il sembla que Fleming, qui se tenait au premier rang des chevaliers écossais, voulût se mesurer avec de Valence. Aymer lui-même, brûlant du désir de se battre, s’écria enfin : « Infidèle chevalier de Boghall ! en avant ! défendez-vous contre l’imputation d’avoir abandonné la dame de vos amours et de faire la honte de la chevalerie. — Ma réponse, dit Fleming, même à une insulte moins grave, pend à mon côté. » En un instant le fer brilla dans sa main, et parmi les guerriers, les plus habiles spectateurs eurent peine à suivre des yeux une lutte qui ressembla plutôt à une tempête dans un pays de montagnes qu’au cliquetis de deux épées qui frappent et qui parent, qui tour à tour attaquent ou repoussent.

Les coups se succédaient avec une effrayante rapidité ; et quoique les deux combattants ne pussent pas, comme Douglas et de Walton, conserver un certain degré de réserve, fondé sur le respect que ces chevaliers avaient l’un pour l’autre, cependant au défaut d’art suppléait chez de Valence et Fleming une fureur qui rendait l’issue du combat presque aussi incertaine.

Voyant leurs supérieurs ainsi engagés dans une lutte de désespoir, les simples combattants, suivant l’usage, restèrent immobiles de part et d’autre, et les regardèrent avec un respect instinctif. Une femme ou deux avaient été cependant attirées, suivant la nature de leur sexe, par leur compassion envers ceux qui étaient déjà tombés victimes des chances de la guerre. Le Jeune Dickson, qui rendait le dernier soupir sous les pieds des combattants, fut en quelque sorte arraché au tumulte par lady de Berkely, de la part de qui cette action parut d’autant moins étrange qu’elle portait encore son habit de pèlerin. Elle essaya vainement d’attirer l’attention du père du jeune homme sur la triste tâche qu’elle s’était imposée.

« Ne vous embarrassez pas, madame, de ce qui est irréparable, dit le vieux Dickson, et ne distrayez pas votre attention et la mienne du soin de votre sûreté, que Douglas a juré de garantir ;