Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/206

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raissent de quelque importance, de donner une indication trop exacte de la situation du lieu : nous nous bornerons à dire qu’il est au sud de la rivière de Forth[1], et qu’il n’est guère éloigné que d’environ trente milles des frontières d’Angleterre. Une grande rivière roule ses eaux à travers une étroite vallée, qui varie en largeur depuis deux milles jusqu’à un demi-mille, et dont le sol, étant composé de terrains d’alluvion, se trouve depuis long-temps partagé eu enclos, habité par une nombreuse population, et cultivé avec toute l’habileté de l’agriculture écossaise. Chaque côté de cette vallée est borné par une chaîne de collines qui, particulièrement sur la droite, pourraient s’appeler montagnes. De petits ruisseaux descendent de ces hauteurs, et, se frayant une route vers la rivière, offrent à l’industrie du laboureur autant de petites vallées bien fertiles. Quelques unes sont ombragées par de grands et beaux arbres, qui ont jusqu’ici échappé à la hache, et sur les bords des ruisseaux on voit, de distance en distance, des bouquets de bois taillis autour desquels règne durant la froide saison une apparence d’aridité : pendant l’été, au contraire, le sol se décore de la bruyère pourpre et du genêt doré. C’est un genre de paysage particulier aux contrées qui, comme l’Écosse, abondent en collines et en ruisseaux : le voyageur y rencontre à chaque pas, dans quelque retraite d’abord inaperçue, une beauté simple et agreste qui lui plaît d’autant plus qu’elle semble lui appartenir comme l’ayant découverte le premier.

Dans une de ces solitudes, et presque à son entrée, d’où la vue domine la rivière, la partie la plus large de la vallée et la chaîne opposée des collines s’élevait, et, à moins que l’abandon et l’oubli n’aient complété leur ouvrage, s’élève encore l’ancien village de Saint-Ronan. La situation du bourg était singulièrement pittoresque : la principale rue suivait une colline escarpée, et de chaque côté s’élevaient, sur de petites terrasses, les chaumières qui composaient le village : ainsi que dans les villes de la Suisse ou des Alpes, elles semblaient grimper par échelons les unes au dessus des autres pour atteindre les ruines du vieux château qui occupait la crête de l’éminence, et dont la force avait sans doute engagé les habitants du voisinage à se réunir sous l’abri de ses murailles. Et en effet, ce donjon devait avoir été une place formidable ; car, du côté opposé au village, les murs s’élevaient perpendiculairement sur les bords d’un affreux précipice ; la base du roc était lavée par

  1. Rivière d’Écosse. a. m.