Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/231

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Well-Head. Oh ! mon garçon, l’honnête M. Bindloose vous tira proprement d’affaire dans cette circonstance. Non, ce n’est pas cet honnête homme, mais son fils John Mowbray… Il y a six ou sept ans que l’autre repose dans l’église, de Saint-Ronan. — Et n’a-t-il laissé, » demanda Tyrrel d’une voix tremblante, « aucun autre enfant que le laird actuel ? — Pas d’autre fils, répondit Meg, et il y en a bien assez, à moins qu’il n’eût pu en laisser un meilleur. — Ainsi donc, il est mort sans autres enfants que ce fils ? — Non pas, avec votre permission ; il y a sa fille, miss Clara, qui tient la maison du laird, si on peut appeler cela tenir maison, car il est presque toujours là-bas aux eaux… Ainsi il ne leur faut pas grande cuisine aux Shaws. — Alors miss Clara doit y passer une triste vie pendant l’absence de son frère, dit l’étranger. — Oh ! que non… Il la mène souvent sauter et cabrioler avec tous leurs beaux étourneaux là-bas ; et elle leur prend la main et se mêle à leurs danses et à leurs folies. Je souhaite qu’il n’en arrive rien de mal ; mais c’est une honte de voir la fille de son père frayer avec toute cette canaille d’écoliers, d’apprentis écrivains, de commis marchands, et de toute la séquelle qui se trouve là-bas aux eaux. — Vous êtes sévère, Meg, répliqua son hôte ; sans aucun doute, la conduite de miss Clara mérite qu’on la laisse entièrement libre. — Je ne dis rien contre sa conduite, et il n’y a rien à en dire, que je sache ; mais je voudrais voir les gens frayer avec ceux de leur sorte, monsieur Francis… Je n’ai jamais trouvé à redire au bal que la bonne société avait coutume de tenir dans ma pauvre maison, il y a bon nombre d’années, lorsque les vieilles gens venaient dans leurs voitures, avec des chevaux noirs à longue queue, les jeunes égrillards sur leurs chevaux de chasse, mainte dame comme il faut en croupe derrière son mari, et plus d’une jeune fille gaie et jolie sur son petit cheval… personne de plus heureux que tout ce monde-là !… et pourquoi non ? Il y avait ensuite le bal des fermiers, avec les beaux garçons en habits bleus et pantalons de peau de daim. C’étaient là des assemblées honnêtes, mais alors il n’y avait que des gens de même espèce qui s’y rencontraient ; chacun se connaissait : les fermiers dansaient avec les filles de fermiers dans un endroit, et les fils de famille avec leurs semblables dans l’autre ; à moins peut-être que quelques uns des membres du club de Kilnakelty, comme il arrivait parfois, ne me fissent faire le tour de la salle en dansant, par manière d’amusement et de plaisanterie, et je n’étais pas en état de suivre la danse, à force de rire. Certainement je n’ai jamais trouvé à redire à ces