Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/239

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jusqu’à dire quelques mots des droits qu’il se croyait à être traité en homme bien né.

Ces querelles furent évoquées par le comité d’administration, qui intercéda le lendemain pour les offenseurs repentants, et obtint leur réintégration dans les bonnes grâces de lady Pénélope à des conditions modérées. Par une foule d’autres actes d’une autorité conciliante, les membres de ce conseil contribuèrent beaucoup à étouffer l’esprit de faction en assurant le repos de la petite colonie ; et leur gouvernement était si essentiel à la prospérité du lieu, que sans eux la source de Saint-Ronan eût bientôt été abandonnée. Nous devons donc tracer une esquisse rapide de ce comité souverain auquel les deux partis, dans un beau mouvement d’abnégation personnelle, avaient confié d’un commun accord les rênes du gouvernement.

Chacun de ses membres paraissait être élu pour ses qualités particulières, comme Fortunio, dans le conte de fées, choisit ses compagnons. Le premier sur la liste apparaissait l’Homme de la Médecine, docteur Quinbus Quackleben, qui réclamait le droit de diriger la partie médicale aux eaux, d’après le principe qui anciennement assignait la propriété d’un pays nouvellement découvert au premier flibustier qui exerçait la piraterie sur ses bords. La reconnaissance du mérite du docteur, comme ayant été le premier à proclamer et à revendiquer les vertus de ces fontaines salutaires, l’avait fait installer unanimement premier médecin et proclamé savant. Et cette dernière qualification pouvait s’appliquer à toute sorte d’objets, depuis la cuisson d’un œuf à la coque jusqu’à la manière de faire un cours public. Il était en effet, comme plusieurs personnes de sa profession, également propre à offrir le poison et l’antidote à un malade attaqué de dyspepsie : car il aurait pu disputer la palme de la science gastronomique au docteur Redgill lui-même, ou à tout autre digne médecin qui ait jamais écrit pour le perfectionnement de la cuisine, depuis le docteur Moncrieff de Tippermalloch jusqu’à feu le docteur Hunters d’York et du docteur Kitchiner de Londres. Mais les cumuls excitent toujours l’envie, et en conséquence le docteur avait prudemment abandonné l’office de pourvoyeur et de premier écuyer tranchant à l’homme de goût qui occupait régulièrement et d’office le haut bout de la table, se réservant le privilège accidentel de critiquer, et une part principale dans le soin de consommer les bonnes choses qu’offrait la table commune. Pour terminer ce portrait du savant docteur, il suffira d’a-