Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/281

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court. — Que suis-je, monsieur Mowbray ? » demanda Micklewham d’un ton un peu aigre… « Que suis-je ? je ne serais pas fâché de le savoir. — Un homme de loi très entendu, j’ose dire, » répliqua Saint-Ronan qui se trouvait trop à la discrétion de son homme d’affaires pour se déboutonner tout-à-fait ; « mais, sachez-le bien, au lieu de prendre une telle mesure contre la pauvre Clara, je préférerais lui abandonner tout ce que je possède et me faire palefrenier ou postillon pour le reste de ma vie… Ah ! » ajouta-t-il un instant après, « si je pouvais seulement vendre le reste de ce misérable Shaws-Castle ! cette propriété est trop peu de chose pour moi, et cependant sa valeur en espèces me mettrait à même de me relever ! Voici le jeune comte d’Etherington qui va nous arriver sous un jour ou deux, Fack Wolverine le bat tous les jours, et moi je bats Wolverine à plate couture. Si j’avais seulement cinq cents livres, je l’aurais bientôt débarrassé des rentes qu’il doit toucher avant de venir. Il me les faut, Mick, il faut que vous m’apportiez cet argent. — Cet argent ? Qu’entendez-vous par là ? je ne sache pas qu’il vous en reste. — Mais vous, vous n’en manquez pas, mon vieux garçon… allons, vendez un peu de vos trois pour cent ; je paierai tout… change… intérêt… différence. — Pourquoi ne vendriez-vous pas ceux de miss Clara ? je m’étonne que vous n’y ayez pas songé plus tôt. — Ah ! que n’êtes-vous devenu muet, plutôt que de prononcer une telle phrase, » s’écria Mowbray, tressaillant comme s’il se fût senti piqué par une vipère… « Quoi ! la petite portion de Clara !… cette bagatelle que ma tante lui a laissée pour ses menus plaisirs, et dont elle fait un si bon usage… Pauvre Clara ! qui a si peu de chose. Non, jamais. » Et il continua à se promener de long en large en gardant un morne silence.

« À dire vrai, c’est une chose peu faisable, reprit Micklewham ; car si vous aviez l’argent dans votre poche aujourd’hui, il serait demain dans celle du comte d’Etherington. — Bah ! vous ne savez ce que vous dites. — Si vous êtes tellement certain de gagner, je ne vois pas quel mal cela fera à miss Clara que vous vous serviez de son argent ? Vous pourrez lui en rendre dix fois autant pour le risque qu’elle aura couru. — En effet, de par le ciel ! Mick, vous avez raison, et je ne suis qu’une poule mouillée, avec mes scrupules. Clara aura mille livres pour ses cinq cents… et je la mènerai à Édimbourg passer l’hiver, ou peut-être à Londres. Nous consulterons les meilleurs médecins sur sa maladie, et nous verrons la meilleure compagnie pour la distraire. Et si on la trouve un peu