Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/327

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tances du lord, déterminé surtout par les avantages qu’il se flattait de retirer d’une riche alliance, il lui promit d’appuyer ses prétentions auprès de miss Mowbray, dans le cas pourtant où elle ne montrerait pas d’éloignement pour Etherington.

Après avoir quitté son ami, Mowbray passa en revue les motifs qui pouvaient le porter à douter de la sincérité de milord Etherington, et ceux qui devaient lui faire concevoir sur son compte une opinion plus favorable ; et il prit le parti d’attribuer à la position particulière dans laquelle son jeune ami se trouvait, et surtout à la légèreté de son caractère, ce qu’il ne pouvait s’empêcher de trouver étrange dans sa démarche. Il partit donc pour aller assister à la fête qui devait avoir lieu à Castle-Shaws, où devait avoir lieu la première entrevue des jeunes gens. Il s’était bien décidé à favoriser les projets de milord ; mais il jugea convenable, d’après le caractère de miss Clara, de ne lui faire connaître ces projets qu’après lui avoir présenté lord Etherington.


CHAPITRE XIX.

UNE LETTRE.


A-t-il pu parler si long-temps sans être fatigué, et s’arrête-t-il maintenant pour reprendre haleine ? Ah ! c’est bien…
Shakspeare. Richard III.


Lorsque Mowbray eut quitté l’appartement du comte, celui-ci s’assit à son bureau pour écrire à son ami et compagnon de plaisir, le capitaine Jekill, au Dragon-Fert, à Harrowgate.

Il lui rendait compte, dans une longue lettre, de tout ce qui lui était survenu depuis son arrivée aux Eaux de Saint-Ronan, et particulièrement de son duel avec sir Francis ou Tyrrel, son cousin ; car c’était par suite de cette rencontre que Tyrrel n’avait pu se trouver au rendez-vous avec sir Bingo. Il ne doutait pas que Francis, qui avait disparu subitement après l’avoir assez grièvement blessé, ne fût encore dans le pays ; il avait le plus vif désir de découvrir sa retraite, et de surveiller sa conduite à Saint-Ronan ; personne ne pouvait mieux remplir cette double commission que Jekill. En conséquence, son ami le sommait de quitter sur-le-champ Harrowgate, et d’arriver au plus tôt à Saint-Ronan. Là, outre le plaisir d’obliger un camarade, il trouverait, comme moyen de distraction, quelques joueurs faciles à plumer, et quelques