Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/346

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cet accident ne peuvent avoir été sérieuses… Une idée me frappa ensuite : c’est que l’homme par qui j’avais été si étrangement attaqué avait quelque ressemblance avec l’infortuné Tyrrel… je ne l’avais pas vu depuis des années… En tout cas, il ne peut avoir été grièvement blessé, puisqu’il est maintenant en état de recommencer ses intrigues au préjudice de ma réputation. — Votre Seigneurie voit les choses d’un œil ferme, dit Mowbray, plus ferme que bien des gens ne pourraient le faire, suivant moi, surtout après avoir failli commettre une action épouvantable. — Mais, en premier lieu, je ne suis nullement sûr d’avoir jamais couru un tel risque ; car, comme je vous l’ai souvent dit, je n’ai vu qu’un moment l’homme qui m’a assailli ; et, en second lieu, je suis convaincu maintenant qu’il n’en est résulté aucune conséquence fâcheuse. Je suis un trop vieux chasseur de renards, pour avoir peur du fossé que je viens de franchir, comme ce drôle qui, dit-on, s’évanouit le matin à la vue du précipice qu’il avait sauté lorsqu’il était ivre la nuit précédente. L’homme qui a écrit cette lettre, » ajouta-t-il en la touchant du doigt, « est vivant et capable de me menacer, et s’il lui est arrivé de recevoir une blessure de moi, il m’en a fait une dont je porterai la marque jusqu’au tombeau. — Oh ! je suis loin de blâmer Votre Seigneurie de ce qu’elle a fait dans un cas de légitime défense ; mais l’affaire aurait pu prendre une tournure très désagréable… Puis-je vous demander quelles mesures vous comptez prendre à l’égard de ce malheureux qui, suivant toute probabilité, est dans le voisinage ? — Il faut d’abord que je découvre le lieu de sa retraite, et ensuite je verrai ce qu’il conviendra de faire pour la sûreté de ce pauvre diable et pour la mienne. Il est probable aussi qu’il trouvera assez de filous pour piller la fortune qu’il possède encore, et qui, je vous l’assure, est bien suffisante pour attirer une multitude de gens qui le ruineront en l’amusant. Puis-je vous demander d’être aux aguets et de m’en donner connaissance, si vous le revoyez ou si vous entendez encore parler de lui ? — Très certainement, milord, je n’y manquerai pas ; mais le seul endroit où je sache qu’il se soit arrêté est la vieille auberge de Saint-Ronan. Il n’y loge plus à présent ; mais peut-être la vieille écrevisse d’hôtelière nous pourra-t-elle donner des renseignements sur son compte. — Je ne manquerai pas de les lui demander, » dit lord Étherington. Il prit cordialement congé de Mowbray, monta à cheval, et parcourut au galop l’avenue du château.

« Voilà un futur beau-frère, se dit Mowbray en le suivant des