Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/369

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leurs, quant à son mariage avec Clara Mowbray, il croit qu’à moins que cette dame ne désire faire réitérer la cérémonie, en quoi il est fort disposé à la satisfaire, il suffit de déclarer qu’elle a déjà été célébrée pour eux. — C’est une supercherie, monsieur ! une vile, une infâme supercherie, dont serait honteux le dernier misérable de Newgate… la substitution d’une personne à une autre. — Mais, monsieur Tyrrel, je n’en vois aucune preuve. Le certificat du ministre est clair… Francis Tyrrel est uni à Clara Mowbray par les liens sacrés du mariage… telle en est la teneur… en voici même une copie… Mais, monsieur, vous dites qu’il y a eu tromperie… je ne doute pas que vous ne disiez ce que vous croyez, et ce que miss Moubray vous a dit, mais surprise et séparée par force de l’homme qu’elle venait d’épouser… honteuse de se retrouver avec un premier amant à qui elle avait sans doute fait maintes promesses… quoi d’étonnant que, ne se trouvant pas soutenue par son nouvel époux, elle ait changé de ton et rejeté tout le blâme sur un mari absent ?… Une femme, dans un instant si critique, alléguera les excuses les plus improbables, plutôt que de s’avouer elle-même coupable. — On ne doit pas plaisanter dans une pareille circonstance, » s’écria Tyrrel pâle et tremblant de colère.

« Je parle très sérieusement, monsieur ; et il n’est pas dans la Grande-Bretagne une cour de justice qui reçût en pareil cas la parole d’une femme… or, c’est tout ce qu’elle peut avoir à offrir, et cela dans sa propre cause, contre tout un corps de preuves circonstanciées, démontrant que c’est par un consentement libre qu’elle a épousé l’homme qui la réclame aujourd’hui. Pardon, monsieur ! je vois que vous êtes agité… je n’ai pas l’intention de vous disputer le droit de croire ce qui vous paraît certain : je me permets seulement d’indiquer l’impression que les preuves produiront sans doute sur les esprits des personnes indifférentes. — Votre ami, » répliqua Tyrrel affectant un calme que cependant il était loin de posséder, « peut songer à cacher sa perfidie par de tels arguments ; mais elle ne lui profitera point… la vérité est connue de moi comme du ciel… et il existe en outre sur la terre un témoin irrécusable qui peut attester que la plus abominable trahison fut employée à l’égard de miss Mowbray. — Vous voulez dire sa cousine… Hannah Irwin ; vous voyez que je connais jusqu’aux moindres circonstances de l’affaire, mais où pourra-t-on trouver Hannah Irwin ? — Elle paraîtra, n’en doutez point, quand le ciel jugera l’instant convenable. Oui, monsieur, cette légère observation qui vous est échappée