Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/374

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le repos de Clara Mowbray est assuré, l’Angleterre ne me verra plus. Tous ces sacrifices, je les fais, monsieur, non par suite d’un moment d’enthousiasme exagéré, mais en appréciant tous les avantages auxquels je renonce… j’y renonce cependant très volontairement pour épargner de nouveaux malheurs à une infortunée à qui j’en ai déjà occasioné trop, beaucoup trop. »

Sa voix faiblit en dépit de ses efforts, lorsqu’il terminait cette phrase ; et pour cacher une grosse larme qui s’échappait de ses yeux, il se tourna un moment vers la fenêtre.

« Je suis honteux de cet enfantillage, » dit-il en revenant vers le capitaine Jekill ; « s’il vous semble ridicule, monsieur, que ce soit du moins une preuve de ma sincérité. — Je suis bien loin de concevoir une idée semblable, » répliqua Jekill d’un ton respectueux… (car, dans le cours d’une vie remplie par toutes les folies de ce qu’on appelle le beau monde, son cœur ne s’était pas encore complètement endurci)… « j’en suis bien loin. Vous ne pouvez vous attendre que je réponde sur-le-champ à une proposition aussi extraordinaire que la vôtre : je vous ferai seulement observer que le caractère de la pairie est indélébile, et ne peut être ni quitté ni pris à plaisir. Si vous êtes réellement comte d’Étherington, je ne vois pas comment votre renonciation à ce titre pourrait profiter à mon ami. — À vous-même, monsieur, elle ne profiterait pas, » répondit Tyrrel gravement, « parce que vous dédaigneriez d’exercer un droit et de porter un titre qui ne vous appartiendraient pas légalement. Mais votre ami n’aura point tant de scrupules, s’il peut jouer le rôle de comte aux yeux du monde : il a déjà montré que sa conscience et son honneur sont aisément satisfaits. — Puis-je prendre copie de cette note qui contient la liste de vos titres pour la communiquer à mon commettant ? — Cette note est à votre service, monsieur, gardez-la, ce n’est qu’une copie… Mais le capitaine Jekill, » ajouta-t-il avec une expression sardonique, « n’est qu’imparfaitement, à ce qu’il me semble, dans les confidences de son ami… Il peut être sûr que son commettant connaît, à une virgule près, le contenu de ce papier, et qu’il possède des copies exactes des pièces qui s’y trouvent mentionnées. — Je ne crois pas la chose possible, » dit Jekill d’un air mécontent. — Elle est non seulement possible, mais certaine. Mon père, peu avant sa mort, m’envoya, avec l’aveu touchant de ses erreurs, cette liste de pièces, et m’informa qu’il avait fait une pareille communication à votre ami. Qu’il l’ait réellement faite, je n’en doute pas, quoique M. Bulmer ait pu juger convenable de ne