Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/398

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gique, qui doit probablement vous rapporter des pommes d’or… ah ! ah ! — Bien, bien, monsieur, continuez… — Vous pouvez aussi savoir que ce vieillard avait un fils qui aurait volontiers coupé ledit arbre généalogique pour en faire des fagots ; qui pensait que Scroggie sonnait aussi bien que Mowbray, et ne trouvait pas de son goût une noblesse imaginaire qu’il ne pouvait atteindre qu’en changeant son véritable nom, et en désavouant, pour ainsi dire, ses parents. — Je crois en avoir entendu parler à lord Étherington, car c’est à lui que je dois ces renseignements sur les Scroggie ; c’est encore par lui que j’ai su que M. Scroggie Mowbray avait eu le malheur d’avoir un fils qui, contrariant son père en toute occasion, prit des goûts bas, des habitudes de vagabondage, et des inclinations bizarres ; par suite de quoi son père le déshérita. — Il est très vrai, monsieur, que cet individu s’attira le déplaisir de son père, parce qu’il méprisait l’étiquette et le faste ; qu’il aimait mieux gagner de l’argent en négociant honnête que d’en dépenser en gentilhomme oisif ; que jamais il ne prenait de voiture quand il pouvait aussi bien aller à pied ; en un mot, parce qu’il possédait les qualités nécessaires pour doubler sa fortune plutôt que pour la manger. — Tout cela est bel est bon, monsieur Touchwood ; mais, je vous prie, qu’avons nous à faire, vous ou moi, avec ce fils de M. Scroggie ? — Vous ou moi ! » répéta Touchwood, comme surpris de cette question ; « moi, du moins, j’ai beaucoup affaire à lui, puisque je suis cet individu en personne. — Vous êtes le diable plutôt ! » dit Mowbray ouvrant de grands yeux à son tour. « Mais votre nom est Touchwood, P. Touchwood, Paul ou Pierre, je suppose. — Pérégrin, monsieur, Pérégrin ; ma mère voulut qu’on me baptisât sous ce nom, parce que le livre de Pérégrin Pickle parut durant ses couches. Je n’aime pas ce nom, et j’écris toujours un P seulement lorsque je signe. Vous avez pu aussi remarquer que je mets un S après le P, de sorte que ma signature au total est P.-S. Touchwood. J’avais une vieille connaissance dans la cité qui aimait à plaisanter… Elle m’appelait toujours Post-Scriptum Touchwood. — Alors, monsieur, si vous êtes réellement M. Scroggie tout court, je dois supposer que le nom de Touchwood est emprunté. — Que diable ! répliqua M. P.-S. Touchwood, supposez-vous donc qu’il n’y a point de nom anglais qui puisse s’accoupler légitimement avec mon nom paternel de Scroggie, excepté le vôtre, monsieur Mowbray ? Le nom de Touchwood me vient d’un vieux parrain, lequel parrain était associé de mon grand-père, dans