Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/399

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la fameuse maison de commerce Touchwood, Scroggie et compagnie : or les associés d’un homme sont comme ses pères et ses frères, et un premier commis peut être comparé à une espèce de cousin germain. — Je n’ai nullement eu l’intention de vous offenser, monsieur Touchwood, je voulais seulement dire ceci : quoique vous n’attachiez aucune valeur à votre alliance avec ma famille, néanmoins je ne puis oublier que ce fait existe ; et, en conséquence, je vous souhaite la bienvenue au château de Shaws. — Merci, grand merci, monsieur Mowbray ! je savais bien que vous envisageriez la chose comme il faut. À vous dire vrai, je n’aurais pas pris la peine de venir mendier en quelque sorte votre connaissance et votre cousinage, si je n’avais pensé que vous deviez être plus traitable dans votre adversité que votre père dans sa prospérité. — Avez-vous donc connu mon père, monsieur ? — Oui, vraiment. Je vins autrefois ici, et je lui fus présenté ; je vous ai vus enfants vous et votre sœur ; je songeais alors à faire mon testament, et je vous y aurais couchés tous deux avant de partir pour doubler le cap de Bonne-Espérance ; mais, corbleu ! j’aurais voulu que mon pauvre père pût voir comme je fus accueilli ! Si le bonhomme eût flairé mes sacs d’argent, il aurait sans doute été plus traitable ; enfin les choses allèrent passablement pendant un an ou deux, jusqu’à ce qu’on me donnât à entendre qu’on avait besoin de ma chambre : on attendait je ne sais quel diable de duc, et mon lit devait servir à son valet. Oh ! damnés soient tous les gentils cousins, me dis-je, et je m’en allai faire une seconde fois le tour du monde, sans plus penser aux Mowbray, si ce n’est depuis un an ou à peu près. — Et, je vous prie, comment vous les êtes-vous rappelés ? — J’étais établi à Smyrne depuis quelque temps ; je liai connaissance avec Francis Tyrrel. — Frère naturel de lord Étherington ? — Oui, quant à présent ; mais, soit dit en passant, il est assez probable qu’il deviendra lui-même comte d’Étherington, et ce beau coquin, bâtard. — Par le diable ! vous me surprenez, monsieur Touchwood. — Je m’en doutais bien. Mais la chose n’en est pas moins certaine. Les preuves en sont déposées dans le coffre-fort de notre maison de commerce à Londres ; elles nous ont été envoyées par le vieux comte ; car il se repentit long-temps avant sa mort de sa conduite à l’égard de mademoiselle Martigny, mais il n’eut pas le courage de rendre justice à son fils légitime avant que le fossoyeur eût travaillé pour lui. — Juste ciel ! monsieur, et saviez-vous aussi que j’allais donner ma sœur unique en mariage à un imposteur ? — En quoi cela me regar-