Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/409

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temps donné asile à Hannah Irwin, repentante et prête à mourir. Elle y frappa comme en convint l’habitante de la cabane, qui avoua même l’avoir entendue soupirer amèrement, mais qui allégua, pour s’excuser de ne pas lui avoir ouvert, qu’elle avait cru que c’était une illusion de Satan. Il est à supposer que la malheureuse fugitive, après ce refus, ne chercha plus ni à exciter la compassion, ni à obtenir un asile, avant d’être arrivée au presbytère de M, Cargill, dont une fenêtre était encore éclairée, pour un motif qui exige quelque explication.

Le lecteur connaît les raisons qui portèrent Bulmer, comte titulaire d’Étherington, à éloigner du pays le seul individu qui pût rendre témoignage de la trahison qu’il avait accomplie à l’égard de l’infortunée Clara Mowbray. Sur trois personnes présentes au mariage, il savait que le ministre avait été complètement trompé ; il imaginait que Solmes lui était exclusivement dévoué : il pensait donc avec raison que, s’il pouvait se débarrasser d’Hannah Irwin, toute preuve de son crime serait anéantie. C’est pourquoi son agent Solmes, ainsi qu’on peut s’en souvenir, avait reçu l’ordre de l’éloigner sans perdre de temps, et il avait rapporté à son maître qu’il avait parfaitement réussi.

Mais Solmes, depuis qu’il était tombé sous l’influence de Touchwood, s’occupait constamment à empêcher l’exécution des plans qu’il paraissait seconder avec une activité sans pareille. Ainsi, aussitôt que Touchwood sut que Tyrrel avait écrit à la maison de commerce de lui envoyer les pièces importantes confiées par le feu comte d’Étherington, il écrivit de son côté qu’on n’envoyât que des copies, et déjoua de la sorte le projet de Bulmer qui voulait détruire ces titres. Par la même raison, lorsque Solmes lui annonça que son maître souhaitait ardemment voir Hannah hors du pays, il le chargea de faire soigneusement transporter la jeune malade au presbytère où il détermina aisément M. Cargill à lui accorder un asile temporaire. Pour l’intéresser en sa faveur, M. Touchwood informa le ministre, par un billet, que la malade pouvant faire des révélations importantes pour le repos d’une famille respectable, il passerait lui-même dans la soirée avec M. Mowbray de Saint-Ronan, juge de paix du comté, pour recevoir ses aveux ; mais, par une seconde lettre, il l’avertit qu’il ne se rendrait au presbytère que le lendemain dans la journée.

Cependant Hannah, quoiqu’elle reconnût bien dans Solmes l’ancien complice de son crime, s’était laissé conduire chez M. Cargill,