Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/410

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le ministre était allé la visiter, comme il l’avait déjà fait plusieurs fois pendant qu’elle résidait dans les environs, et avait recommandé qu’on prît grand soin d’elle. Durant le jour, elle parut mieux ; mais vers minuit la fièvre redoubla d’intensité, et la femme qui la veillait vint annoncer au ministre qu’elle doutait fort que la malade pût aller jusqu’au matin ; qu’elle paraissait avoir quelque chose qui lui pesait sur le cœur, et qu’elle désirait s’en débarrasser avant de mourir ou de perdre connaissance. Comprenant, d’après les divers avis de son ami, M. Touchwood, qu’il s’agissait d’une affaire extrêmement importante, il sentit qu’il fallait appeler un homme de l’art. Il envoya donc un domestique aux Eaux chercher le docteur Quackleben, et une de ses servantes, qui vantait le savoir-faire de mistress Dods autour du lit d’un malade, alla réclamer l’assistance de la bonne femme, qui n’avait pas coutume de la refuser quand elle pouvait être utile. L’émissaire mâle ne réussit pas dans sa mission, car il ne trouva point le docteur, ou plutôt il le trouva trop occupé pour venir soigner une pauvresse ; mais l’ambassadeur femelle fut plus heureux : la bonne vieille hôtesse, qui n’était pas encore au lit malgré l’heure avancée, car l’absence inattendue de M. Touchwood l’inquiétait, murmura un peu sur la fantaisie qu’avait eue le ministre de recevoir chez lui une mendiante ; puis prenant son manteau, son capuchon et ses patins, elle se mit en route avec toute la hâte du bon Samaritain, précédée d’une de ses servantes qui portait une lanterne, et laissant l’autre pour garder la maison et servir M. Tyrrel, qui avait promis d’attendre M. Touchwood avant de se coucher.

Mais avant que dame Meg fût arrivée au presbytère, la malade avait envoyé dire à M. Cargill de venir la trouver, et l’avait prié d’écrire sa confession, tandis qu’elle avait encore assez de vie et de force pour la faire. Le ministre voulut lui adresser quelques paroles de consolation spirituelle, mais, elle l’interrompit avec un air d’impatience.

« Ne perdons pas de temps, s’écria-t-elle ; laissez-moi confesser ce que j’ai à vous dire, et le signer de ma main. J’avais commencé à faire ces aveux à d’autres personnes ; mais je me réjouis de n’avoir pas continué, car je vous connais, Josiah Cargill, quoique vous m’ayez depuis long-temps oubliée. — C’est possible, répliqua le ministre, mais je ne me souviens aucunement de vous. — Vous avez pourtant connu jadis Hannah Irwin, dit la malade, compagne et parente de miss Mowbray ; elle accompagnait cette pauvre Clara,