Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/97

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

voir sur le pont-levis, et lui annonça que tout était au château dans le même état qu’à son départ : seulement, il avait reçu avis qu’un détachement de douze ou quinze hommes se dirigeait sur la ville de Lanarck, et que, venant des environs d’Ayr, ils établiraient cette nuit leur quartier à l’avant-poste d’Hazelside.

« J’en suis charmé, répliqua le gouverneur, car j’allais envoyer du renfort à cet endroit. Ce jeune garçon, fils de Bertram le ménestrel, ou quel qu’il soit d’ailleurs, s’est engagé à répondre demain matin aux questions que je lui adresserai. Comme les soldats qu’on nous annonce suivent la bannière de votre oncle le comte de Pembroke, puis-je vous prier d’aller à leur rencontre et de leur donner ordre de rester à Hazelside jusqu’à ce que vous ayez de nouveau interrogé le jeune homme, qui a encore à éclaircir le mystère qui l’environne, et à répondre à une lettre que j’ai remise de ma propre main à l’abbé de Sainte-Brigitte ? J’avais usé de trop de ménagements dans cette affaire ; je compte que, grâce à vos soins, le jeune homme ne nous échappera pas, et vous l’amènerez ici avec tous les égards et toutes les attentions convenables, attendu que c’est un prisonnier de quelque importance. — Assurément, sir John, vos ordres seront exécutés, puisque vous n’en avez pas de plus importants à donner à homme qui a l’honneur de n’avoir que vous-même pour supérieur dans le château. — Pardon, sir Aymer, répliqua le gouverneur, si cette commission vous semble indigne de votre rang ; mais nous avons le malheur de ne pouvoir nous comprendre, lorsque nous cherchons cependant à être très intelligibles. — Mais qu’aurai-je à faire (et ce que j’en dis n’est pas pour vous contester votre autorité, mais seulement pour m’instruire), qu’aurai-je à faire si l’abbé de Sainte-Brigitte veut nous résister ? — Comment ! avec le détachement des hommes de lord Pembroke, vous commanderez à vingt soldats au moins, armés d’arcs et de lances, contre cinq ou six vieux moines qui n’ont que des robes et des capuchons. — C’est la vérité ; mais l’interdiction de l’Église et l’excommunication sont quelquefois, par le temps qui court, trop dures pour les cottes de mailles : ce serait à mon grand regret que je me verrais repoussé du sein de l’Église chrétienne. — Eh bien ! sachez donc, jeune homme rempli de soupçons et de scrupules, sachez que, si le fils du ménestrel ne se rend pas de son plein gré, l’abbé m’a promis de le remettre entre vos mains. »

Il n’y avait plus rien à répliquer, et de Valence, quoique se croyant encore inutilement dérangé par une petite commission qui