Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 26, 1838.djvu/197

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le Parc du Roi. Ils n’étaient d’abord que quatre, Sharpitlaw et un officier de justice, bien armés de pistolets et de coutelas ; Ratcliffe, auquel on n’avait pas confié d’armes, de peur qu’il en fît un mauvais usage, et enfin Madge : mais, à la dernière barrière, lorsqu’ils entrèrent dans les bois, ils furent joints par deux autres officiers auxquels Sharpitlaw, qui désirait s’assurer d’une force suffisante pour l’exécution de son projet, et en même temps éviter d’attirer l’attention, avait donné ordre de l’attendre dans cet endroit. Ratcliffe ne vit pas ce renfort sans déplaisir, car jusque là il avait jugé probable que Robertson, qui était un jeune homme vigoureux, actif et intrépide, en faisant usage de sa force et de son agilité, trouverait moyen d’échapper à Sharpitlaw secondé d’un seul officier, sans qu’il se trouvât, lui Ratcliffe, impliqué dans cette affaire : mais le renfort d’officiers de police ne pouvait lui laisser d’espoir à cet égard, et la seule manière possible de sauver Robertson (ce que le vieux pécheur était très-disposé à faire, pourvu qu’il le pût sans compromettre sa sûreté personnelle), était de parvenir à lui donner quelque signal de leur approche. C’était probablement dans cette vue que Ratcliffe avait demandé à Sharpitlaw de prendre Madge pour guide, ayant un grand degré de confiance dans son penchant à exercer ses poumons. En effet, elle leur avait déjà donné tant d’échantillons de son bruyant caquet, que Sharpitlaw était incertain s’il ne la renverrait pas à la ville avec un de ses officiers, plutôt que de continuer à faire marcher avec lui la personne la plus mal choisie pour servir de guide dans une expédition secrète. On aurait dit aussi que le grand air, l’approche des montagnes et la présence de la lune, à laquelle on attribue une influence si funeste sur ceux dont la tête est malade, exaltait sa vivacité, et la rendaient dix fois plus bavarde et plus bruyante qu’elle ne l’avait encore été. Il paraissait impossible de trouver moyen de la réduire au silence. Elle se moquait également des ordres et des prières qu’on lui adressait à cet égard, et les menaces la rendaient furieuse et intraitable.

« N’y a-t-il ici personne de vous, dit Sharpitlaw impatienté, qui connaisse le chemin de cette infernale butte de Muschat ? n’y a-t-il que cette maudite folle, dont on ne peut arrêter la langue, qui puisse nous y conduire ? — Du diable si personne la connaît, excepté moi ! s’écria Madge ; comment en sauraient-ils quelque chose, les poltrons ? Mais moi, je suis souvent restée assise sur