Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 26, 1838.djvu/215

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avaient paru dans la salle du conseil. On ne put réussir à trouver le lieu de leur retraite.

Cependant l’extrême indignation du conseil de régence, en apprenant l’outrage fait à son autorité par le meurtre de Porteous, lui avait dicté des mesures qui prouvaient qu’il avait plus consulté son désir de se venger des coupables que le caractère du peuple, et surtout celui des ministres du culte. On fit passer au parlement un acte promettant une récompense de 200 livres sterling à celui qui dénoncerait toute personne soupçonnée d’avoir pris part à cette affaire, et par une loi sévère, et dont on n’avait vu que peu d’exemples, la peine de mort fut prononcée contre quiconque donnerait asile aux coupables. Mais ce qui irrita surtout les esprits, ce fut une clause qui ordonnait que cet acte serait lu dans les églises par le ministre officiant, le premier dimanche de chaque mois, avant de commencer le sermon, pendant un temps désigné. Les ministres qui refuseraient de se soumettre à cette injonction devaient être déclarés inhabiles à siéger ou à voter dans aucune assemblée ecclésiastique, et en cas de récidive, incapables d’occuper aucune place dans l’Église d’Écosse.

Cette dernière mesure réunissait dans une même cause ceux qui se réjouissaient publiquement de la mort de Porteous, quoiqu’ils n’osassent pas justifier ouvertement la manière dont elle avait eu lieu, et les plus scrupuleux presbytériens, qui regardaient comme une espèce d’empiétement sur le jus divinum (droit divin), l’intervention du gouvernement civil et législatif dans les affaires du culte ; puisque l’assemblée générale seule, comme représentant le chef invisible de l’Église, devait posséder le privilège exclusif de régler tout ce qui appartenait à ces sortes d’affaires. Beaucoup de gens aussi, dont les principes politiques et religieux étaient différents, et qui par conséquent étaient fort peu touchés de ces considérations, crurent voir dans un acte aussi violent du parlement un esprit de vengeance peu convenable au corps législatif d’une grande nation, et une espèce de tentative de fouler aux pieds les droits et l’indépendance de l’Écosse. L’abolition de la charte et des privilèges de la ville d’Édimbourg, en punition d’une action commise dans l’enceinte de ses murs par une populace furieuse et effrénée, fut généralement regardée par un grand nombre de personnes comme un prétexte qu’on s’était empressé de saisir pour humilier cette ancienne capital de l’Écosse. Enfin, ces procédés irréfléchis et violents