Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 26, 1838.djvu/220

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« Écoutez-moi, monsieur ; je crois parler à un homme de bon sens : si vous voulez sauver la vie à votre fille, il faut employer des moyens humains. — Je vous entends ; mais M. Novit, qui est le procureur et l’agent d’un personnage respectable, du laird de Dumbiedikes, doit faire pour elle, dans cette circonstance, tout ce que peut la sagesse humaine. Quant à moi, je ne me crois pas autorisé à avoir quelque chose de commun avec vos tribunaux de la manière dont ils sont organisés maintenant. J’ai là-dessus des scrupules de conscience qui ne me permettent pas de m’en mêler. — C’est-à-dire, reprit Middleburgh, que vous êtes un caméronien, et que vous ne reconnaissez pas l’autorité de nos cours de justice et de notre gouvernement actuel ? — Avec votre permission, monsieur ; » répliqua Davie, qui était trop fier de ses connaissances polémiques pour consentir à se reconnaître le disciple de personne, « vous me relevez avant que je ne sois tombé. Je ne sais pas pourquoi on m’appellerait un caméronien, surtout à présent qu’on a donné le nom de ce célèbre martyr à toute une bande de soldats qui, à ce que j’ai entendu dire de la plupart, jurent, blasphèment, et se servent d’expressions profanes avec autant d’abondance que Richard Caméron en mettait à prier et à prêcher ; mais parce qu’on trouve le moyen de déshonorer le nom de ce saint martyr en le donnant à une danse mondaine appelée la danse caméronienne, qu’accompagne le son des tambours et des flûtes, et à laquelle se livrent un trop grand nombre de prétendus chrétiens ; car il est tout à fait indigne d’un chrétien de danser, n’importe sur quel air, et surtout pêle-mêle avec des femmes : c’est une coutume perverse, le signal de la ruine de tant de pauvres créatures, comme ma propre expérience me l’a trop bien appris. — Mais, monsieur Deans, reprit M. Middleburgh, je voulais vous dire seulement que vous étiez un caméronien, ou un Mac-Millanite, ou enfin un membre de ces sociétés qui croient blesser la foi en prêtant serment à un gouvernement par lequel l’acte du Covenant n’est pas ratifié. — Monsieur, » reprit le controversiste à qui de telles discussions faisaient oublier jusqu’à ses chagrins domestiques, « vous ne pouvez me prendre aussi aisément que vous le croyez. Je ne suis ni un Mac-Millanite, ni un Russelite, ni un Hamiltonien, ni un Harleyite, ni un Howdenite. Je ne me laisserai maîtriser par aucun de ceux-là. Je ne tire mon nom de chrétien d’aucun vase d’argile. J’ai mes principes et mes opinions, dont j’aurais à répondre en même temps que de ma con-