Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 26, 1838.djvu/248

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par des témoins et par la déclaration de l’accusée elle-même, qu’elle était dans le cas prévu par la loi. » Suivant ces dépositions l’accusée n’avait communiqué sa grossesse à personne, et elle-même dans sa déclaration en convenait. Le secret qu’elle avait gardé était la base fondamentale de l’accusation. Les mêmes dépositions reconnaissaient qu’elle avait donné naissance à un enfant mâle, dans des circonstances qui ne donnaient que trop lieu de croire qu’il avait péri par les mains, ou du moins avec le consentement de la malheureuse mère ; que, d’ailleurs, il n’était pas obligé de prouver positivement que la mère avait participé au meurtre, ou même que l’enfant eût été assassiné : il lui suffisait, pour soutenir l’accusation, de prouver qu’il avait disparu, puisque, d’après les termes rigoureux mais justes de la loi, la femme qui cachait sa grossesse et qui n’appelait pas les secours qui sont si nécessaires en pareilles circonstances, était déjà soupçonnée d’avoir médité d’avance la mort de son enfant ; événement qui semblait devoir être la conséquence de ce mystère coupable et cruel ; et si, dans un tel cas, elle ne pouvait reproduire l’enfant vivant, ou prouver qu’il était mort de mort naturelle, elle était regardée, d’après les termes de la loi, comme l’ayant détruit elle-même, et devait, en conséquence, être punie de mort.

M. Fairbrother, avocat de l’accusée, homme d’une grande réputation dans le barreau, ne s’attacha pas à combattre directement les arguments de l’avocat général ; il commença par regretter que son ancien à la barre, M. Langlate, eût été subitement appelé dans le comté où il était shérif, et qu’il eût été prévenu si tard pour aider l’accusée de ses conseils dans cette cause intéressante. Il avait eu bien peu de temps à donner aux recherches minutieuses que cette affaire demandait, et qui seules auraient pu compenser son infériorité relativement à son illustre confrère, et il craignait de donner une preuve de son incapacité en étant forcé d’avouer la justesse de l’accusation d’après les termes de la loi. « Il suffit à Leurs Seigneuries, observa-t-il, de savoir que telle est la loi, et d’admettre que l’avocat a le droit d’introduire un interlocutoire.

« Mais quand il en viendrait à établir les faits par des preuves, je me flatte, disait-il, de produire des circonstances qui détruiront les changes portées dans l’accusation. L’histoire de ma cliente est aussi courte que triste : elle a été élevée dans les principes les plus sévères de religion et de vertu ; elle est fille d’un homme respec-